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Un peu de... Tranches de vie - Le sac à voler


Texte écrit pendant la période entre les deux confinements, quand nous avons brièvement pu aller au resto, pour le meilleur et pour le pire :)

Hier soir, autour de 22h, piétonnier de Bruxelles.

Mon amie Sarah et moi sommes attablées à la terrasse du restaurant où nous venons de savourer un bon plat de pâtes arrosé de vin blanc.

Il fait déjà noir, un peu frisquet, on sent que le personnel a hâte de nous voir partir pour remballer la dernière table extérieure. Ils restent cependant extrêmement agréables et souriants. Ils n’ont pas fini: à l’intérieur il y a aussi deux, trois tables encore occupées.

Nous discutons de manière animée, ponctuée de grands éclats de rire, comme à notre habitude. Nous profitons d’un tiramisù partagé et d’un café qui nous réchauffe un peu.

Peu de gens circulent autour de nous, alors qu’il y a quelques heures le centre ville était bondé, rempli de tous ceux qui souhaitaient commencer à profiter du week-end et des derniers rayons de soleil.

Tout d’un coup, un jeune homme est là, à côté de nous, pas trop près, mais assez que pour être remarqué et nous empêcher de parler sereinement. Il regarde l’écran de son GSM, il a l’air de chercher quelque chose, ou de filmer la façade. Nous nous taisons, le regardons et finissons par l’interpeller, mi-agacées, mi-curieuses:

« Monsieur, vous avez besoin d’aide? »

Il s’approche, mais pas trop. Il ne porte pas de masque, mais bon, comme nous sommes assises au resto, nous non plus.

« Oui… je cherche la Gare… »

Mon amie:

« Du Midi? (C’est la plus proche). C’est par là ». Nous lui indiquons de poursuivre droit devant lui, avec des gestes, aussi, la tête tournée vers lui et sa direction.

« Non… non… la Gare… de… de… »

Il ne trouve pas ses mots, c’est interminable, c’est trop long, je commence à trouver cette histoire bizarre, peut-être Sarah aussi.

Nous tentons de lui faire la suggestion la plus probable et de couper court.

« Du Nord, alors? C’est par là! »

Nous nous tournons toutes les deux du côté opposé, pour lui montrer par où aller.

Mon oeil capte un mouvement derrière moi.

Je me retourne d’un coup et je vois un autre jeune homme tapi derrière ma chaise, la main tendue vers la bandoulière de mon sac, posé à mes pieds.

Nous saisissons enfin ce qui est en train de se passer. Sarah se retourne vers le premier jeune homme, entretemps collé à notre table et en train de fouiller du regard nos affaires posées dessus. Elle attrape son GSM et son propre sac et très fermement dit:

« Ca sufffit, monsieur, arrêtez. Partez! »

Je suis sous le choc et je fixe encore, tétanisée, le deuxième type, immobile à mes côtés, qui hésite entre tenter sa dernière chance ou partir.

Mon coeur bat la chamade.

Je ne bouge pas et je m’entends dire, d’un ton très calme, poli et à peine surpris:

« Mais enfin, monsieur, mais qu’est-ce que vous faites accroupi à côté de mon sac? »

Sarah est encore en train de rire, je parie.

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