Un peu de... Chroniques en temps de Covid (10): le Cercle de femmes

Il y a dix jours, j’étais dans un train direction Mons.

Nouvelle aventure.

J’ai suivi un fil, le fil des rencontres riches et belles que je vis actuellement.

Une femme, croisée dans un contexte nouveau, avec qui j’ai un peu discuté via FB depuis, a lancé ses cercles de femmes.

Je sentais une jolie connexion avec elle, même à distance.

Des cercles de femmes, j’en entends parler depuis quelques temps, de plus en plus. Avant, ça ne me tentait pas. Puis ça m’a intriguée. Puis j’ai eu envie d’essayer, sans oser franchir le pas.

Et là, et bien… c’est l’occasion. Les choses arrivent parfois au moment où on est prêt et alors, on y va.

Mais ! C’est à Mons, avec le couvre-feu, je ne pourrai pas rentrer à Bruxelles à temps. Zut. Je demande alors, demander c’est bien. Je demande s’il n’y a pas un hôtel pas cher, pas loin de chez elle. Je pose un congé pour le lendemain.

Southa, celle qui organise, me propose de manière très délicate, pour que je ne me sente pas mal à l’aise, de loger chez elle. Je ne me sens pas mal à l’aise. C’est un cadeau, c’est la suite presque logique de mon mouvement. J’accepte. Je me réjouis.

Me voilà dans le train, donc.

Southa vient me chercher à la gare, on se reconnait.

Nous parlons, déjà. Pas de banalités, nous parlons vraiment.

Parce que les rencontres fortes c’est comme ça, j’en fais l’expérience, comme si nous n’avions pas de temps à perdre. C’est instantané.

Nous arrivons chez elle. Une jolie table pleine de gourmandises.

Elle me montre la chambre où je vais loger.

Nous attendons les autres femmes. Nous allons être six en tout. Je ne suis pas stressée, plutôt curieuse, j’ai hâte.

Au fur et à mesure qu’elles arrivent, je sens une émotion étrange monter. Elle est forte. Mais c’est quoi ?

Je quitte le rationnel. J’accepte. C’est comme ça. Peut-être juste l’idée que nous allons être là, ensemble, que nous allons vivre une jolie aventure, chacune avec ses histoires, ses vécus, ses attentes.

Nous nous installons. C’est parti.

Et là, je ne peux pas vraiment raconter en détail.

Ce n’est pas le plus important de savoir ce qui s’est dit exactement. Ce ne serait pas respectueux du moment intime et confidentiel que nous avons partagé.

Oui, il y a eu des supports, des cartes tirées, des petits rituels, des pierres, des herbes, des sons.

On peut « y croire » ou pas. On peut aussi cesser de se poser la question d’à quoi ça sert et s’y laisser couler, comme dans un bain chaud et odorant.

C’était fort. L’émotion est là d’emblée, pas besoin d’échauffements.

Ça prend. Ça prend aux tripes, au ventre, au cœur. Ça prend entre nous.

Il n’y a rien à cacher, sinon, pourquoi être venues ?

Ça vibre. Quelque chose est là, de puissant, qui nous relie.

Je ne sais pas ce que c’est, et peu importe.

Oui. C’est bien là.

Quand l’une parle, les autres écoutent. Pas qu’avec les oreilles. Les échos, les résonances deviennent presque incroyables, magiques.

Chacune est une partie de l’autre ou l’a été ou va l’être.

Aucune ne juge. Aucune ne se pose au-dessus, en conseillère.

Comme des instruments de musique, on se répond, on se reprend, on s’harmonise et la mélodie est jolie.

Les larmes sont les bienvenues, pas un signe de faiblesse, mais de vie.

Là où on en est.

Je ne dis pas que je suis psy. Je le dirai après. Je laisse tous mes rôles dehors, je veux juste être là avec elles, une femme avec d’autres femmes, qui parfois, ne sait pas non plus. Ce n’est pas grave, de ne pas savoir, ni de tenter de sentir avant de penser.

Ces trois heures m’ont remplie, m’ont nourrie. Tous ces vécus, ce sont des dons.

La force palpable de ce qui unit un groupe à son insu, j’en avais déjà une grande expérience.

Cette fois c’était encore plus saisissant.

Après, quand on émerge, il y a beaucoup de sourires. De la chaleur, encore.

Pas besoin de commenter, de débriefer, l’aventure se suffit.

On aimerait se revoir, oui, mais nous savons toutes que même si nous ne devions pas nous retrouver, ou pas toutes en même temps, ce que nous avons partagé et vécu ensemble restera un moment important sur nos routes.

Pour les intéressées, le prochain Cercle de Southa :