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Un peu de... Chroniques en temps de Covid (12)



14 Mars 2021

Jeudi finalement c'était un peu rude.


En me levant, un mail d'annulation: la lecture à La Maison du Livre, dans le cadre de l'atelier écriture ne se fera pas.

J'étais déçue, mais je suis partie pour ma matinée de consultations en essayant de ne pas trop y penser.

Je me réjouissais de cet évènement, de lire mes textes à des gens, avec ces autres femmes... Une grande première pour moi et malgré le côté stressant, je n'avais pas vraiment peur, je me sentais prête.


Quelques heures après, j'avais fini ma journée et j'avais une migraine violente. Voilà où était passée ma frustration, on dirait.


Finalement ma soirée de jeudi s'est éclaircie, notamment avec un séminaire théorique en ligne, déjà prévu, mais ça, c'est une autre histoire.


Courte nuit et vendredi je repars au travail.


Le soir même, vendredi soir donc, c'est la date que j'ai épinglée dans mon agenda, depuis un mois. La date DU souper chez mon amie Margot. Où je suis invitée, avec deux autres femmes que je connais un peu, de loin, parfois de derrière un écran, parfois dans des échanges virtuels forts.


Je la vis comme une chance cette invitation, chance, dans ce contexte-ci, de passer quelques heures avec des "ladies", des "gonz'", des "moeufs" ou des "croquettes" comme on s'appelle dans les mails pour organiser. Qui la bouffe, qui les boissons, qui la musique, qui l'apéro. Comme des vieilles copines, alors qu'une part de moi les considère toutes les trois comme des célébrités: par leurs engagements forts, par ce qu'elles ont écrit, par ce qu'elles ont créé, par l'écho qu'elles ont fait résonner quand la vie a été trash avec elles.


Je me dis: et moi, je suis qui là-dedans, pourquoi j'y suis? Ce vieux prédateur interne qui veut me gâcher mes bons moments de vie en me glissant comme d'habitude que je ne le "mérite" pas, que c'est une imposture, un malentendu, un coup de bol, au mieux.


Mais non, cette fois je veux vivre cette soirée en y prenant partie et en en savourant chaque moment.


J'arrive la première. Margot, je ne l'ai plus vue en vrai depuis un an et demi, mais nous sommes restées en contact régulièrement malgré les tempêtes de chacune, reliées à notre fil à nous deux.

Chez elle, c'est juste parfait. Accueillant, chaleureux (comme elle!), plein de livres. Il y a déjà des chips et des bulles. On s'installe, on papote, on reprend comme si on avait arrêté la veille, pourtant, il y a tellement à raconter!


F. arrive et elle est rayonnante de bonne humeur, l'apéro fait maison qu'elle apporte est à tomber par terre (ce pesto aux noix!).


On rit, beaucoup.

M. est la dernière, elle avait autre chose avant.

Chaque fois, ça me fait pareil, c'est mes yeux de groupie: elle est grande, belle, j'ai toujours l'impression qu'il y a un aura qui flotte autour d'elle. Ca se dissipe au fur et à mesure de la soirée, heureusement, sinon ce n'est pas possible de parler normalement (mais elle reste brillante).


Elle et F. nous racontent leur documentaire, les coulisses, les voyages, les fous-rires, les anecdotes, les écueils implacables et encore oui, les bâtons dans les roues, et les harcèlements prévus et pas prévus.


Margot raconte la vie, sa vie, de sa maman, l'univers de la librairie de sa maman, les projets. Elle nous dit ses douleurs récentes, mais sans lourdeur, juste du partage, puis ses questions, ses nouvelles envies, ses doutes.


Moi je raconte mon boulot, les trucs drôles, les rencontres inattendues, et ma drôle d'existence actuelle.


On parle un peu de nos corps, de nos histoires, de la maternité ou pas, ça fuse dans tous les sens, par moments il n'y en a qu'une qui cause et les trois autres écoutent, puis ça repart, une blague, humour noir aussi, toujours, il en faut, on éclate de rire et on démarre sur autre chose alors que nous n'avions pas épuisé le sujet. On est drôles!


J'ai l'impression que si on regardait de très haut et de très loin, on verrait une petite bulle de lumière qui pulse, une lumière chaude, traversée d'éclairs noirs, rouges, argentés, dorés, des paillettes, des petites flammes, je ne sais pas, un truc qui vit, fort.


On mange, on cause, on boit, on s'amuse et le temps passe trop vite.


Il y a aussi le cousin de Margot qui vit là et il fait discrètement mais entièrement partie de notre soirée, il se joint à nous en douceur, comme les deux chats qui osent enfin sortir de leur cachettes pour venir nous frôler. Peut-être se disent-ils, les chats: malgré les voix fortes et les discours pas anodins, ça m'a l'air chouette dans le salon.


Il n'y a pas de gêne, pas de tabous, il y a une drôle d'intimité pas gluante et joyeuse.


On est bien, là.


F. part la première: elle a une formation le lendemain matin. M. ensuite, après les dernières confidences mutuelles, elle part en musique.

On reste encore Margot, son cousin et moi, tard, ça cause encore idéaux, valeurs, expérience et qu'est-ce qu'il va nous arriver?

Il faut vraiment dormir, je ne braverai pas le couvre-feu.


Après une dernière cigarette et un tour sur l'ordi, seule dans leur salon plongé dans la pénombre, les assiettes et les bouteilles presque vides, les chats qui se baladent enfin à l'aise. Je rejoins la chambre de Margot, je mets un peu de temps à trouver le sommeil, je me relève, me recouche, j'ai un trop plein de vie et d'émotion, on dirait.


Quelques heures de sommeil, puis Margot et moi à nouveau dans son salon, grosses chaussettes, mugs de café brûlant et cigarettes pour moi et on se raconte, je me raconte à quelqu'un qui sait écouter et, oui, à deux c'est quand même pas pareil.


Il faut y aller. Dans la journée, les mails fusent pour nous raconter comme ça a été simple ou pas ce lendemain de veille. Pour nous dire "Merci".


Encore un jour plus tard et je sors enfin de cette jolie torpeur enveloppante (oui, j'ai aussi eu mal de tête, j'avoue) pour atterrir dans mon dimanche, j'ai un monceau de trucs à faire.


La pause était belle, je garde tout, sans y croire encore tout à fait.

(Vendredi j'ai oublié de prendre l'antihistaminique que j'avais prévu, tellement j'étais bien: j'ai oublié que je suis allergique aux poils de chat)


(Photo: on a bu ça, entre autres. Produit de femmes qui travaillent dans le milieu du vin et qui ont subi la pression, voire le harcèlement de ce terrain habituellement masculin. Des insultes reçues, elles en ont fait de belles étiquettes pour leur bon vin. Je l'avais acheté au Dillens à Bruxelles et vous pouvez suivre les activités de Fleur Godart sur Instagram. Le magazine est une toute nouvelle et excellente publication féministe, dans les meilleures librairies.)


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