Un peu de... lecture pour le mois sans HORECA (et avec couvre-feu, etc.) - Les skis...

Texte écrit au retour des sports d'hiver, début mars de cette année, peu de temps avant que notre monde soit chamboulé...

Et donc, je suis partie 5 jours avec mon amie. 2 de route et 3 de ski.

Voilà ce que je retiens de cette expérience:

1) Je peux conduire près de 400km, d'une traite (allez, avec une pause, hein?) sous la pluie qui tombe à seaux sans discontinuer. Je peux ne tuer personne même avec une visibilité proche de 0 et sans savoir si j'ai allumé les feux anti-brouillard ou les grands feux.

2) Mon amie est d'une patience d'ange et a une grande capacité à ne pas stresser quand je conduis, ce qui m'apaise prodigieusement.

3) Le ski est donc comme le vélo: même après 15 ans, tout est revenu comme par magie au bout de quelques minutes. Je skie exactement aussi mal qu'il y a 15 ans, donc.

4) Mon amie est également patiente et apaisante quand j'ai peur de skier ou que je m'arrête tout en haut d'une piste rouge en disant: "Non, je ne vais pas y arriver".

5) Un endroit auquel on a accroché un bout de soi pendant l'été est aussi époustouflant et émouvant en hiver.

6) Tomber dans un gros tas de poudreuse toute neuve ne fait pas mal du tout, même si on déchausse.

7) Tomber d'un tire-fesses au démarrage particulièrement violent fait mal, même si on ne déchausse pas. Et s'il y a 20 personnes qui regardent, on a l'air ridicule.

8) Si 5 minutes après on retourne au début du tire-fesses parce qu'on a lâché trop tôt ("Oh, ça doit être ici, même s'il n'y a aucun panneau qui l'indique!"), on a l'air encore plus cruche. Si le monsieur qui s'occupe du tire-fesses vous regarde avec un grand sourire et vous dit, devant tout le monde: "Ah, ben, vous êtes déjà de retour?", on doit répondre en souriant: "Ben, oui, j'ai tellement aimé tomber devant tout le monde! Vous pouvez m'aider encore, comme pour les petits enfants, toujours devant tout le monde?"

Après, il ne faut plus jamais y retourner, de peur qu'il croit que vous le draguez.

(Ceci rentre directement dans le top 10 de mes grands moments de solitude)

9) Mon amie a toujours beaucoup de patience et de zénitude pendant qu'elle m'attend tout ce temps là en se demandant si je ne me suis pas perdue comme une écervelée.

10) Boire beaucoup, beaucoup de vin blanc (et d'autres petites choses) le soir du concert au centre de vacances, puis aller dormir beaucoup trop tard pour une personne raisonnable, fait que le lendemain skier est vraiment très difficile. Mais drôle.

11) Si le même lendemain, après 2h de ski le matin et 2h de ski l'après-midi, on doit déneiger la voiture pendant 1h30, c'est encore plus difficile. Et encore plus drôle (surtout après coup).

12) Je suis capable de déneiger une voiture avec une pelle, à condition que mon amie soit là également avec une deuxième pelle et qu'elle soit beaucoup plus motivée que moi.

13) Mon amie a plus de patience et détermination que moi pour déneiger une voiture.

14) Si le dernier soir on refait la fête alors qu'on avait dit: "Un verre et au dodo pour la route demain": c'est mal. Même si on a beaucoup bu et rien payé grâce à plein de nouveaux amis français.

15) Tout ça, fait que le jour du retour on a très très mal aux muscles, même ceux du cerveau et même ceux qui n'existent pas en temps normal.

16) Se couvrir jusqu'au moindre cm de peau en skiant la journée, avec 4/5 couches tellement ça caille, ne sert à rien si le dernier soir on sort fumer toutes les 5 minutes avec un pull tout fin et sa veste grande ouverte, sans écharpe ni bonnet. Il faut retenir que l'alcool ne fait que donner l'impression qu'il ne fait pas froid. Il fait très froid. Il fait -5° sur la terrasse. Le lendemain on tousse sur la route de retour et deux jours après, on a 38,6° de fièvre.

17) J'adore skier. Je vais reskier. J'adore cet endroit.

18) Mon amitié avec cette femme est précieuse. 15 ans que nous n'avions plus partagé de tels moments. On a conduit, skié, bien mangé, plus ou moins bien dormi, beaucoup, beaucoup, beaucoup parlé, discuté, argumenté; on s'est tues aussi, ensemble, parce que ça ne nous dérange pas de nous taire quand on est sur un télésiège, dans les montagnes immaculées, en profitant du silence. On ne s'est même pas disputées un tout tout petit peu. Et qu'est-ce qu'on a ri. Tous les jours. ("Tu te calmes!")

Ca m'a fait du bien, ces cinq jours.

Merci, H.