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Un peu de... lecture pour le mois sans HORECA (et avec couvre-feu) - Retour aux origines

  • Chicca Cocca
  • 25 oct. 2020
  • 4 min de lecture

Texte écrit en Septembre 2019... Mon dernier voyage en Italie avant le COVID. Encore plus précieux, après coup. Nostalgie et espor.

Ce voyage était prévu depuis fin juin.

Je l’avais booké, puis je n’y avais plus pensé, et entretemps, tellement de choses se sont passées, qu’il était très, très loin de moi au moment où il a fallu me mettre en route.

D’ailleurs, hasard ou pas, la veille du départ j’ai travaillé toute la journée, jusque tard. Puis, j’ai eu l’occasion de rencontrer mon autrice-journaliste-chroniqueuse belge préférée, de lui faire dédicacer son deuxième roman, et - quelle chance inouïe pour moi - de boire un verre à la même table qu’elle.

Je suis rentrée très tard, toute heureuse de la rencontre et j’ai vaillamment décidé d’aller dormir et de me lever très tôt pour entasser quelques affaires dans une valise, avant de courir à l’aéroport.

Le matin, en toute dernière minute j’ai voulu imprimer les billets et là: surprise! Je n’avais pas du tout songé à m’occuper du check-in en ligne.

Retard donc, pour m’enregistrer ainsi que les autres passagers: numéro des documents, dates d’échéance, dates de naissance, pas se tromper, ajouter un bagage à main, se tromper, en ajouter deux, payer, râler.

Et ensuite, le train en retard, le stress, les formalités d’usage à l’aéroport, puis hop, dans l’avion.

Et là, toute la fatigue accumulée depuis plus d’un mois qui me tombe dessus et l’ampleur émotionnelle des deux jours à venir qui s’annonce.

Trou noir, je dors pendant tout le vol.

Et encore: la voiture de location à l’arrivée, puis la route, tout ce soleil qui semble discordant après la grisaille de ma ville.

L’arrivée chez ma grand-mère, la joie d’avoir réussi à se revoir encore une fois, les nouvelles de la famille, pas toutes réjouissantes, c’est le moins qu’on puisse dire.

La tristesse, du coup, qui se mélange à ces retrouvailles.

La première étape: la dernière visite à l’appartement de ma maman, trier, choisir les souvenirs à emporter, ceux à abandonner sur place, les vagues d’événements du passé, les (re)découvertes d’objets, d’odeurs, de cette lumière qui tombe à cette heure là par la fenêtre.

Retour chez mon oncle, un souper délicieux et ce chien fou qui oublie toutes les cinq minutes qui nous sommes et nous aboie dessus.

La première nuit je dors chez ma grand-mère, parce qu’elle me l’a demandé. Et que ça me fait plaisir.

Comme quand j’étais toute petite. Dans la pénombre, j’écoute le tic-tac de son réveil: ce même bruit qui me berçait quand j’étais dans le lit d’appoint lors de mes séjours dans son grand appartement. Le lieu n’est pas le même, mais les bibelots, les tissus, les photos: oui.

Je m’endors paisiblement, tard.

Réveil brutal: ma Nonna a oublié que je suis là, elle se lève en pleine nuit et allume toutes les lumières pour sortir de la chambre. Je replonge rapidement dans le sommeil. Deuxième réveil, le bon, celui-là, avec le bruit de la messe qui vient de la télé dans la cuisine. Le volume est au maximum, parce que Nonna n’entend plus que très peu et d’une seule oreille.

Elle arrive près de moi, et comme il y a 30, 35 ans auparavant elle ouvre les rideaux. Le soleil m’agresse, mais ce n’est pas grave. Pendant un instant je me dis qu’elle va me demander si je ne veux pas l’accompagner à la messe ou au cimetière pour nettoyer la tombe de mon grand-père, comme pendant les étés de mon enfance. Je lui répondais toujours que « Non, merci » et plus je grandissais, plus j’étais agacée.

Mais là, elle me dit:

« Il est 8h00, tu dois te lever si tu veux être prête à temps. Le café est fait. Je t’ai acheté des biscuits, ceux que tu aimes. »

Je lui ai déjà rappelé la veille que je ne mange pas le matin, mais qu’importe. Elle va quand même, à la fin, me glisser le paquet de biscuits dans le sac pour « si j’ai faim après ».

Une heure et demie plus tard, voyage dans le temps: le bureau de la notaire se trouve dans le village où j’ai fréquenté le lycée classique, jeune adolescente.

L’occasion, avant et après les documents et les actes, de reparcourir des rues qui étaient si banales à l’époque. Je ne savais pas à quel point elles me manqueraient, pendant les premières années de mon changement de pays.

Je fais la visite à ceux que j’aime qui m’accompagnent: mon frère et ma belle-soeur. Avant de repartir, je leur fais goûter la pizza du boulanger du coin, celle qui ne coûtait même pas mille lire à l’époque et sur laquelle mes amis et moi nous précipitions tous les midis en sortant des cours.

Délicieuse madeleine de Proust: elle a le même goût que ces années là.

Dernière étape: le cimetière, pour la première fois depuis les funérailles. Les émotions de ceux qui m’entourent m’empreignent et c’est juste que ce soit comme ça. Je tiens bon, jusqu’au moment où je me recueille en écoutant une chanson. Je laisse enfin les larmes couler.

Il est temps d’aller faire les valises, déjà: elles étaient presque vides à l’aller, là, on les remplit à ras bord de morceaux de vies qui sont en partie les nôtres aussi.

Dernier souper chez Nonna, qui craint toujours de nous voir nous écrouler à terre pour cause de malnutrition et ce, quel que soit notre poids réel.

Une émission à la télé: des chansons italiennes, succès des années ’67, ’77, ’87, ’97. Nous chantons, nous nous souvenons, nous sommes nostalgiques et joyeux.

Les au revoir mouillés.

Pour moi, quelques « dernière cigarette » de la journée, dans le jardin de mon oncle, avec toujours les écouteurs aux oreilles, le smartphone à la main, pour faire un peu barrage aux émotions puissantes, intenses.

Nuit blanche après, mais qu’importe: le week-end sera calme et agréable.

Réveil à 3h du matin et on répète dans l’autre sens: la route, la voiture de location à déposer, les formalités, les retards, le vol, le sommeil agité. Je suis tombée malade, je devrai aller à la pharmacie dès que j’arrive chez moi. Et pour le coup, je m’offre un taxi, parce que le train et le bus avec trois valises hyper lourdes, je n’ai pas le courage.

Retour à la maison, où il faut reprendre doucement le cours du quotidien laissé en suspens.

Ma famille italienne, dans mon pays, est bien là et en moi aussi, malgré les absents et les sur le départ.

L’histoire ne s’arrête jamais vraiment.

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