Un peu de... lecture pour le mois sans HORECA - Une cigarette pour la route
- Chicca Cocca
- 20 oct. 2020
- 3 min de lecture

Texte écrit le 17 Mars 2019, quelques jours après le départ de ma maman...
Depuis une semaine, un peu plus, en fait, j’ai des centaines d’images, pensées, souvenirs qui me trottent en tête, chacun soudé à plusieurs émotions. Autant dire: des centaines de petits textes qui tourbillonnent, mais qui n’arrivent pas à bien s’organiser pour former une histoire cohérente.
Alors, en attendant d’y remettre un peu d’ordre, j’ai décidé de les traiter comme ils viennent, un à la fois, d’écrire par petites touches un truc qui devrait en fin de compte ressembler à un ensemble d’esquisses, plus qu’à un récit.
Parce que: il faut bien que je sorte un peu tout ça.
Ma maman était très marquée par la vie et la maladie, alors, pour son enterrement, sa famille d’origine a choisi une photo où elle était très belle, qui remontait à plusieurs dizaines d’années. Plus précisément, cette photo faisait partie d’une série prise le jour de la communion de deux de mes cousins, où toute ma famille italienne était présente et notamment toute la bande de cousins que nous étions, très liés et habitués à jouer ensemble depuis nos premières années.
Il y avait donc un de ces cousins qui n’avait que quelques années (deux, peut-être) et qui, dans toutes les photos est dans mes bras.
Moi j’avais treize, quatorze ans et visiblement j’aimais m’occuper de lui.
Petit détail concernant ces clichés: je me souviens qu’à l’époque j’étais très complexée (comme beaucoup d’ados, je suppose), et je ne m’aimais pas beaucoup. Et ben, ce serait chouette de pouvoir dire à la « moi » de cette époque là qu’elle était très stupide de pas s’aimer, parce qu’elle était vraiment pas mal. Et au lieu de regretter de ne plus avoir cet âgé là (et ce corps là, et ce poids là), je vais juste m’aimer beaucoup telle que je suis maintenant, histoire de ne pas me faire la même réflexion dans 20 ans.
Autre anecdote: dans une de ces vieilles images on me voit juste au moment où je reçois l’ostie. Ayant depuis bien longtemps cessé de feindre de croire à des choses qui ne m’appartiennent plus, je n'ai pas participé à la communion lors de la messe pour maman. Des personnes de ma famille m’ont donc charriée en découvrant la vieille image: « Tu vois, on a des preuves! ». J’ai ri: « Ben oui, avant, ça m’arrivait de pécher de temps en temps… »
Et, juste pour dire, je ne regrette pas du tout d’avoir pratiqué à l’époque (la communion, pas le péché), et je suis plutôt satisfaite de pouvoir assumer que je ne le fais plus (la communion, pas le péché). Je vais pas expliquer pourquoi, hein, espérons juste que personne ne traduise ce texte à ma grand-mère, qui autrement va devoir prier pour mon salut éternel jusqu’à la fin de sa vie, et elle n’a que 92 ans.
Donc, revenons à mon cousin qui était dans mes bras sur toutes les photos de cette journée d’il y a longtemps.
Ce cousin habite aujourd’hui dans le nord de l’Italie, mon pays d’origine. Pour être là le jour des funérailles de maman, il a pris sa voiture avec son tout jeune fils, il s’est tapé 5, 6 heures de route.
Et, en sortant du cimetière, c’est lui qui a laissé une clope sur la tablette en marbre de la tombe de maman, parce que maman, aussi loin que possible dans nos souvenirs, a toujours eu une clope en main, ou à la bouche, ou dans sa tête (en en éteignant une, elle pensait déjà à la suivante, sauf ces dernières années, bien sûr, ‘faut pas pousser).
Puis il est venu à mes côtés, il m’a pris par les épaules, m’a serrée en marchant et m’a embrassée sur les cheveux, au sommet du crâne, et il a dû se baisser pour faire ce geste, parce que « petit cousin » me dépasse de presque deux têtes aujourd’hui.
Cette fois, à l’occasion de ces retrouvailles tristes (mais pas que) différentes de la fête joyeuse d’autrefois, c’était moi qui étais dans ses bras.
Il n’y a pas de photo de ça, évidemment.
La famille et ses liens, même quand on est éparpillés aux quatre coins du monde, ça a du bon, parfois.
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