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Un peu de... Tranches de vie - Un cadeau en Bretagne


Et donc, ce lundi j’ai eu 42 ans. Ma journée d’anniversaire a été très douce, reposante, bercée par les messages de mes amis, de ma famille, de ceux de mes contacts qui ont eu une pensée pour moi (Merci à tous, d’ailleurs, encore une fois).

Mon plus beau cadeau, je ne l’avais pas « eu », mais je l’avais vécu trois jours avant, dans le cadre du séminaire annuel de mon lieu de formation. Ce n’était pas un cadeau que pour moi, mais pour tous ceux qui étaient présents.

Je retrouve au séminaire des personnes auxquelles je tiens beaucoup. Notre lien est une déclinaison particulière de l’amitié, du compagnonnage, de la famille symbolique. Ce rendez-vous annuel est le moment privilégié où nous nous retrouvons pendant plusieurs jours, où nous « travaillons sur nous », marchons, discutons, papotons, créons, faisons le point, sommes témoins du parcours les uns des autres, avançons, chacun sur sa route particulière, mais ensemble.

Chaque année, une des deux personnes qui rêvent ces séminaires et les réalisent, une femme, Dominique, nous propose (entre autres), deux fils conducteurs autour du thème: une chanson et « un jeu ».

La chanson, c’est pas trop compliqué. Nous devons parfois dépasser nos goûts personnels et nous résoudre à apprendre à aimer une chanson qui n’est pas du tout dans nos playing lists. Mais en gros, même quand nous faisons un peu la grimace au début et que nous chantons du bout des lèvres la première fois, nous savons parfaitement que le dernier jour nous allons la chanter avec nos tripes: chanter ensemble c’est une grande joie, surtout parce qu’au fil des jours, les paroles se sont chargées de sens pour chacun de nous. Les premières années, nous chantions entre nous, sachant que très probablement, les employés des endroits où nous logeons, nous entendaient. Puis, nous avons commencé à les inviter ces employés, afin de chanter pour eux, en guise de remerciement. Ils sont surpris, émus, en général. Il y a deux ans, nous avons chanté dans l’avion au retour de la Bulgarie, puis à l’aéroport, avant de nous dire au revoir.

Les « jeux » c’est une autre paire de manches. Dominique, qui les invente et nous les propose, nous dit en riant que chaque année nous la regardons atterrés et que nous lui disons plus ou moins en rigolant, que ce qu’elle nous demande est impossible à réaliser. Mais elle, elle sait que nous allons le faire et le résultat ne cesse de nous surprendre nous-mêmes. Nous avons fait un peu de tout: créé un spectacle avec des chansons et/ou des musiques et/ou des danses, fabriqué des objets que nous nous croyions incapables de réaliser, sculpté les yeux bandés, peint, dessiné, écrit des textes. Parfois le jeu est plus individuel, bien que toujours mis en commun et partagé, à la fin; d’autres fois c’est une production de groupe, souvent un mélange des deux. Le tout, à réaliser dans les moments entre deux activités du séminaire.

Cette année, nous étions dans une magnifique région de la Bretagne, dans un petit village calme et pas encore investi par les vacanciers. Le thème était « Le bonheur ». Nous avons été invités, pour le « jeu », à créer chacun un petit objet, facile à glisser dans un sac à main ou une poche, symbole de notre vision particulière du bonheur. « En deux exemplaires, je vous dirai plus tard à qui il faudra donner le deuxième » Une salle du centre de vacances où nous résidions s’est remplie de matériel: feutres, crayons, pinceaux, petits pots et tubes de peinture, feuilles de toutes tailles, ciseaux, colles de toutes sortes, galets, feuilles, bouts de bois, outils de couture, perles, paillettes, cailloux, sable. Nous y avons passé du temps dans cette salle, seuls, par petits groupes, tous ensemble parfois, pour réaliser, nous inspirer, nous impreigner de l’ambiance. Entre une marche de 8 km et un repas, entre une projection de film et un exposé, entre un verre (ou deux. Ou trois. Bref) le soir et le moment de se coucher.

Et l’avant-dernier jour, nous avons su: « Demain, nous irons nous promener dans le village, nous allons chanter à plusieurs endroits, dont le petit café ouvert depuis deux semaines dans le village, puis à un autre hôtel. Chacun de vous va donner le deuxième exemplaire de son objet à quelqu’un qu’on croise, qu’on ne connait pas » Regards fixes. « Oui, je ne vous l’ai pas dit tout de suite pour ne pas vous effrayer »

Bon, ben, ok, on va y aller. Chacun s’habitue à l’idée, la digère, chacun visualise ses peurs ou ses pires scénarios, mais oui, on va y aller.

Le dernier jour nous y allons donc, en fin d’après-midi, une petite trentaine, avec plein de percussions «transportables». Un panneau: « Nous ne sommes pas une chorale, nous aimons juste chanter ensemble». Pour donner nos objets, nous commençons timidement, arrêtant l’un ou l’autre passant bien choisi, qui a l’air aimable. Puis, le mouvement s’emballe, certains arrêtent les rares voitures, des promeneurs le long de la plage ou dans les petits chemins. Une femme sort de sa jolie maison pour demander: « J’ai raté quelque chose? » Les réactions sont variées: émotion, curiosité, sourires, que deux refus sur toutes les personnes abordées… Certains questionnent, d’autres font la bise ou prennent dans les bras pour remercier.

Nous en arrivons au cadeau que je nommais au tout début. Nous passons devant une très belle maison en hauteur de la plage, avec une vue incroyable sur la mer et les pierres bretonnes. Une famille descend de voiture à ce moment là: une dame et son fils aident un vieux monsieur à s’installer du siège de la voiture à son fauteuil roulant. Je n’ai pas assisté directement à la scène, j’étais déjà un peu plus loin, mais il se fait que le vieux monsieur semblait intéressé par tant d’activité et de passage devant chez lui. La famille rentre dans son jardin, puis le fils se penche vers nous par le muret de la propriété: « Vous voulez pas venir à l’intérieur et chanter pour mon papa? »

Et nous voilà dans cette propriété de rêve, devant la mer splendide et ensoleillée et nous chantons et tapons des percus pour ce vieux monsieur en fauteuil roulant, pour la dame et leur fils qui ont les yeux embués et je pourrais mettre mille mots sur ce qui se vit et ce qui circule à ce moment là -entre nous, entre nous et eux: les regards, l’énergie, la magie- je ne pourrais pas décrire ces quelques minutes suffisamment bien. Je laisse imaginer alors, chacun peut se faire son tableau. Nous nous en allons après avoir pris congé de nos hôtes fugaces. Je flotte, je ris, je marche à quelques centimètres du sol. Je ne peux parler qu’en mon nom, mais je suis pratiquement certaine que nous sommes un peu tous dans cet état là.

Nous terminons au café, où nous rechantons pour la charmante gérante qui nous a accueilli toute la semaine, qui a même ouvert pour nous un soir de fermeture, elle nous filme, nous buvons un dernier verre avant notre soirée festive de fin de semaine, qui recèlera encore d’autres moments uniques. Mais ça, c’est une autre histoire.

En sirotant ce verre, nous réalisons que nous avons suffisamment de réserves d’énergie, d’espoir et oui, n’ayons pas peur, de bonheur, pour le ramener chacun dans sa vie et l’utiliser pour changer ce qui doit l’être, construire ce qui est en route et profiter de ce qui est déjà là.

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