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Un peu de... livres: "Les Enténébrés" (Sarah Chiche). Traversée du côté sombre

  • Chicca Cocca
  • 11 juin 2019
  • 3 min de lecture

Il y a des livres qu'on ne peut pas raconter, encore moins résumer, sous peine de les réduire à une histoire linéaire, alors qu'ils sont bien plus que cela.

"Les enténébrés" parle d'une multitude de thèmes: le couple, l'amour, la passion, les fantasmes, la transmission, la folie, les mystères de la relation mère-fille, l'absence à soi-même, l'histoire, le climat, la fin du monde, les migrations, les réfugiés, la destruction, la création, la vie.

Comment est-ce possible? Ce serait un beau fouillis. Les sujets ne pourraient être abordés qu'en surface, faute de pouvoir tous les explorer, en un peu plus de 350 pages.

Et bien non, et c'est là la magie de ce roman. Comme en chacun d'entre nous, tout cela est intimement lié et inextricable. Le contenu est d'une fascinante profondeur.

Ce livre, dès les premières pages "gronde" à l'intérieur du lecteur.

Il touche à cette partie obscure, inavouable, désespérée en nous, il nous rappelle que nous sommes tous des "enténébrés", constamment sur le fil du vide, équilibristes du sens à donner, à réorganiser, à complexifier.

Il y a une forme de violence dans l'accès qui est donné à l'intimité du personnage principal, Sarah: est-ce que je souhaite réellement savoir tout cela d'elle? La question, au fond est à se poser à soi-même: est-ce que je souhaite plonger dans ce que cela dit de moi? Qu'ai-je fait de ma part de ténèbres à moi, suis-je si éloignée du vide que ce que je me raconte pour vivre au quotidien?

Il y a une forme de grâce aussi, fragile et tremblante, parce que dans les pages se cache une force de vie puissante, qui dépasse les abîmes en chacun, au prix d'un périple parfois effrayant.

La lecture est intense, exigeante, au sens où elle nous convoque entièrement.

La chronologie et dispersée, mais tous les éléments prennent place au fil des pages, la fresque qui en émerge est impressionnante, mouvante, vivante.

Le style change en fonction de ce qui est raconté, de l'émotion qui doit transpercer les pages; la plume est incisive, les mots utilisés sont très précis, très près des sens, les phrases créent des images à l'instar de celles qui se déroulent "en arrière des yeux" de Sarah.

Les chapitres contiennent de nombreuses références historiques et culturelles, qui ne sont pas écrasantes, qui, au contraire, nous enseignent.

Dans le contexte qui est le nôtre aujourd'hui, celui d'une fin du monde en accélération constante, Sarah, psychologue, psychanalyste, rencontre des réfugiés à Vienne. Puis elle croise un violoncelliste célèbre, Richard, dans un musée. Une première scène fondatrice de leur passion les accroche d'emblée: celle d'une mère qui frappe son enfant. Ils se quittent après avoir bu un verre, elle rentre, retrouve sa vie de couple avec Paul et familiale avec leur fille. Elle ne cesse de penser à Richard. Et si au début celui-ci ne répond à aucun de ses messages, un jour il lui écrit: il va venir à Paris. Pour l'aimer.

En parallèle à sa passion amoureuse, Sarah plonge dans son histoire familiale, autour des relations entre mères et filles, des liens abimés par la folie et la mort, mais d'où se dégage un amour lumineux et salvateur.

Pendant ce temps là, pendant que Sarah remet du sens dans les images qui l'habitent sans lui appartenir, pendant qu'elle vit deux vies aussi riches et exigeantes l'une que l'autre, le monde poursuit sa course folle vers la fin de l'humanité.

Il y a des livres qui prennent racine en nous et ne nous quittent pas vraiment, parce qu'ils ont fait trembler nos fondations. Je ne sais pas si un livre peut changer une vie, mais il y a des oeuvres qui font trébucher si fort notre âme, que lorsqu'on retrouve son équilibre, on ne peut plus être tout à fait le même.

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