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Un peu de... livres: "Fa(m)ille" (Audrey Dana). Un nouveau mot indispensable.


Alors, c’est « Faille » ou « Famille »?

C’est l’un puis l’autre, c’est l’un et l’autre, c’est ce nouveau mot: « Fa(m)ille ».

Je venais, avec une décennie de retard, de regarder « Welcome », ce terrible et magnifique film, tellement d’actualité.

J’avais aimé le personnage d’Audrey Dana, j’avais retenu le nom de l’actrice, son visage.

Et parce que la vie c’est comme ça aussi, toutes ces coïncidences qui n’ont peut-être aucun sens, mais qui sont bien là, quelques jours après, j’ai entendu son nom associé à un premier roman.

J’ai regardé l’émission où elle était invitée, « Livrés à domicile », puis j’ai écouté « La librairie francophone » et j’ai eu envie de le lire, ce livre.

Encore quelques jours après, nous avons fait une « virée librairie » en famille, un dimanche, c’est cadeau, chacun peut choisir un livre, puis on va manger un bout tous les quatre.

Comme souvent, je ne sais que choisir, c’est pas un que je voudrais en ramener à la maison, mais dix, vingt, cent. Du coup, si c’est un seul que j’ai le droit d’emporter, lequel? Deux « poches » au lieu d’un « beau livre », c’est tricher? Je prends, j’hésite, je repose, je reviens sur mes pas, je reprends, je repose à nouveau. Bon, tout le monde s’impatiente, même Anaïs qui est souvent paralysée par trop de choix a fini par jeter son dévolu sur une BD de mythologie.

Flûte, et puis tant pis, de toute façon, ma « pile à lire » ressemble à la tour de Pise, ce sera pour une autre fois. Je m’en vais dire aux trois autres qu’on peut y aller, et mon regard tombe sur la couverture bleue et là, je me souviens: « Ah oui! Celui-là! ». Je l’embarque sans plus de doutes. Evidence.

Enfin, une semaine après, ma lecture en cours terminée, je m’y plonge enfin.

Alors, si vous avez déjà envie de lire « Fa(m)ille », ne poursuivez pas la lecture et allez-y, on en reparle après. Sinon, ce qui suit, je l’espère, va vous donner envie de le découvrir.

Elle, celle qui raconte sans dire son prénom, est la troisième fille d’une famille qui ne va cesser de s’agrandir. Troisième fille d’une maman qui ne se gêne pas pour le dire: elle ne voulait qu’un seul enfant, un garçon. Garçon qui arrivera juste après elle.

Ses deux soeurs, « Soeur Lumière » et Constance, ont chacune un papa différent du sien. Cette fratrie compliquée est faite de liens profonds, mystérieux, salvateurs.

Il y a cette maman, américaine, magnifique, plus que fantasque. Elle paraît incapable de toute empathie envers ses enfants, de se mettre dans leur peau, d’agir en fonction de ce qu’eux pourraient ressentir. Une fois dépouillée de tous ses moyens, elle fait pourtant preuve d’une inventivité sans limites pour ne jamais s’effondrer totalement, pour ne jamais renoncer à vivre comme elle l’entend.

Il y a ce papa, ce papa-pas-là. Bouée de sauvetage de notre héroïne quand il est loin, difficile à vivre quand il est, rarement, présent. Il aime sa fille et les autres enfants d’avant et d’après, mais de cet amour il ne semble rien pouvoir faire d’autre que des mots et des promesses pas tenues. Il vit sa vie aussi comme il veut, sans attaches, de femme en femme, il sème des enfants, fait des allers-retours mais ne reste jamais nulle part.

Ce sont deux êtres qui courent après la liberté, mais qui à aucun moment ne peuvent faire de leurs enfants une priorité, au dessus de leurs propres désirs.

Il y a, surtout, cet endroit incroyable qui est « Maryland », le projet de la maman. Cette maison en ruine, censée être une villa/ferme/ranch/château de rêve est un chantier permanent, sale et inconfortable, tour à tour prison et lieu enchanté, où des sorcières se cachent dans les arbres. Les rencontres peuvent y être cauchemardesques ou féeriques.

Ajoutez à ceux qui y habitent tant bien que mal des vagabonds, des âmes perdues, des animaux, des enfants de la DASS aux histoires qu’on ne veut pas entendre, et vous aurez un aperçu de ce coeur pulsant qu’est Maryland.

Bon, j’en ai beaucoup dit, mais je n’ai rien dévoilé.

Parce que le coeur de l’histoire est cette petite fille qui grandit comme elle peut. Elle a, depuis le début de son existence, tout en étant constamment connectée à la mort (le « toboggan »), une force de vie extraordinaire, qui lui permet de s’accrocher à tout ce qu’il y a de beau, de vivant autour d’elle.

« J’ai six ans, je chante, faux, je danse et joue tout le temps. Je ressemble à un garçon. Papa me fait couper les cheveux très court, il me trouve jolie. Moi, je déteste. Heureusement, j’ai de grands yeux vert forêt bordés de longs cils noirs, des yeux de fille. Ca énerve la maîtresse; elle m’accuse même de les maquiller. Dans ma petite existence, la seule chose qui ait réussi à me mettre à plat est ma tentative de suicide à l’âge de deux ans. A part ça, R.A.S. »

Attention! Il y a des événements très durs dans ce bouquin. Vraiment terribles, de ceux qui peuvent mettre K.O. Il y a de la peine à éprouver, des larmes à pleurer, de la rage à expulser. On se prend quelques uppercuts.

Mais ce n’est pas lourd, ce n’est pas pathétique. C’est même, contre toute logique, drôle et lumineux. C’est plein de vie et, oui, d’amour.

C’est beau, comme la lumière qui filtre à travers les branches et les feuilles des arbres.

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