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Un peu de... livres: "My Absolute Darling" (Gabriel Tallent). Eblouissement brutal.


Turtle Alveston a 14 et vit avec son père Martin dans une maison au Nord de la Californie.

Je ne sais pas bien comment poursuivre sans être réductrice.

Parler de ce livre?

Ce premier roman de Gabriel Tallent, qui a mis huit ans à l’écrire?

Le « meilleur roman américain de 2017 », un « chef d’oeuvre »? (Jaquette et critiques)

Sûr que je n’ai jamais lu un livre pareil.

Au tout début, et dès la première page, j’ai été incommodée par les nombreux noms de plantes égrenés dans les longs descriptifs de paysages. Toute cette végétation: inconnue au bataillon, en ce qui me concerne.

Turtle, elle, est connectée à la nature, elle y est incrustée, semble violemment en faire partie.

Elle est dès le départ suffisamment magnétique et bizarre que pour tenir l’attention du lecteur (moi, en tout cas) à travers la broussaille.

Petit à petit, le cadre devient un personnage à part entière du roman, pas seulement les plantes sauvages, mais aussi les bestioles et puis: l’océan, les vagues, le vent, le soleil, les ombres, les couleurs, les senteurs de tous ces éléments. Le tableau qui surgit et qui constitue le décor vibrant et respirant de toute l’intrigue est à chaque fois bouleversant.

Tout est sauvage, tout pousse n’importe comment: le peu d’éléments de la civilisation semblent obsolètes, désinvestis: les vielles voitures, les canalisations, les routes: ils ne comptent pas vraiment.

La maison où Turtle vit avec son père est à l’instar de ce décor: à l’abandon. On devine que la demeure a été belle, toute en bois, ses énormes baies vitrées donnant sur la mer. Aujourd’hui, plus que l’ombre hantée d’elle même: tout est envahi de plantes (encore), de bêtes grandes et petites, de moisissure, d’odeurs. Pas de serrures aux accès, peu de meubles.

Turtle est… Indomptable et en même temps envahie par des courants qui lui échappent totalement. Elle est prise au piège par l’amour fou pour un père fou. L’amour perverti d’un père destructeur.

Ce père qui la torture psychologiquement et physiquement, qui la frappe, qui la viole, qui l’entraîne à survivre par les armes dans un monde, selon lui, au bord de l’apocalypse.

Il l’appelle Croquette. Ou bien: « my absolute darling ».

Au début de l’histoire, le monde relationnel de Turtle est extrêmement réduit: son père, son Papy alcoolique.

Les autres: la chauffeuse du bus scolaire, quelques gens de sa classe, sa maladroite enseignante Anna. S’ils deviennent trop réels, s’ils tentent de percer la carapace, Turtle n’a que de la haine à leur proposer.

C’est la rencontre avec deux garçons de son âge, lors d’une de ses fugues nocturnes, qui ouvre le champ de l’univers de Turtle. D’autres personnes consistantes se mettent à exister: Brett et Jacob, Caroline, Imogen, Isobel, Brandon. Ils semblent, par moments, pouvoir faire le poids face à Martin, dans l’esprit de Turtle. Surtout Jacob.

L’impasse guette à chaque tour de ruminations de Turtle, abominablement seule lorsqu’elle erre dans les pièges de son esprit et de ses représentations d’elle-même.

Mes chapitres préférés: celui de la noyade, celui de l’île. Vous verrez: terrifiants et éblouissants.

« My absolute darling » est somptueux. Et abominable. Certains passages sont juste des rafales de coups de poings et de pieds dans le bide. D’autres glacent le sang et dessèchent les yeux. On en sort sonné. Si on lit certaines parties avant de dormir: insomnie assurée.

Tout le long de ma lecture, j’ai poussé des exclamations, j’ai frissonné, j’ai serré les mâchoires, j’ai soufflé de l’air à travers mes dents, par saccades. Je n’ai pas ri et je n’ai pas pleuré. Emotions à l’état brut, elles s’échappent bruyamment du corps avant d’avoir pu en penser quelque chose.

Restent des traces et des éclairs qui maintiennent les yeux écarquillés derrière les paupières closes.

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