top of page

POST RÉCENTS : 

ME SUIVRE : 

  • Facebook Clean Grey
  • Twitter - Grey Circle

Un peu de... réflexions: Oser l'ouvrir?


Attention, long billet de complainte où on parle de "seins" plein de fois! Si ces thèmes gênent encore autant, ceux qui pourraient en parler et ceux qui écoutent/lisent, c'est peut-être bien le signe qu'il faudrait les faire exister encore plus.

Ben oui, parce que donc je racontais ma mammographie ce matin à une amie, et je me rendais compte à quel point j'étais en colère. Elle, qui s'y connait, remarque que nous avons tendance à ne rien dire, à certains médecins. Et c'est vrai que je n'ai rien dit, alors que l'envie ne manquait pas. Après des années d'apparence de "petite fille sage" face aux médecins, j'ai commencé depuis peu d'années à m'enfermer dans une bulle d'impassibilité. Dedans, ça gronde, puis parfois, ça sort.

Là, je me rends compte que mon humeur a pris un méchant coup depuis ce matin, et en fait, à la longue, ça déprime. Alors, je vais me défouler un peu, sur mon mode tragico-ironique. C'est à retardement, mais si ça donne envie à d'autres de ne pas la fermer lorsqu'ils ou elles feront une expérience semblable, ben, ce sera déjà ça.

J'ai été d'autant plus désolée de ce qui suit, qu'à l'endroit en question j'ai toujours été bien traitée, avec bienveillance et chaleur humaine. Et l'infirmière d'aujourd'hui était très gentille et souriante. Donc, pas de généralités, mais constatation que trop souvent ce qui se passe ne va pas.

Donc... Ce matin... J'arrive à l'accueil. Je remplis le questionnaire sur papier qu'on donne à chaque fois. Je m'étonne puisque ça fait la troisième fois en un an. "Il faut le remplir à chaque fois?" "Malheureusement oui..." Ok, allons-y donc: les opérations gynécologiques et mammaires déjà subies; la subtile question: -combien de grossesses? Suivie de -combien d'enfants? Pour se rappeler de la fausse-couche au cas où on y pensait plus depuis longtemps; le cancer et mastectomie de ma maman; et cette fichue date des dernières règles qui m'oblige à vider mon sac pour trouver mon agenda, le tout debout devant le desk. De quoi rigoler un bon coup, mais soit. Moi: -...

Puis, cette année, une nouveauté: une feuille avec un de ces codes à scanner pour consulter "mes images" sur internet, au cas où je voudrais les contempler (les médecins concernés par le dossier médical n'en ont pas besoin, c'est vraiment pour les patients qui auraient la moindre idée de ce qu'ils regardent, tous seuls chez eux.) Donc, que vivent le progrès et la technologie: l'imagerie à disposition, mais introduire le potentiellement-douloureux-questionnaire papier dans l'ordi d'une fois à l'autre, ça non! Que voulez-vous ma bonne dame, c'est ainsi la modernité. L'intérieur de ses seins sur un cloud plus ou moins sécurisé, sans consentement explicite, mais des gens qui vous parlent en vous regardant dans les yeux, on n'a plus le temps. Moi: -...

Attente. La chouette infirmière vient me chercher et m'amène à la cabine. -C'est possible que vous soyez venue en juillet juste pour une échographie? -Ben, oui, sauf qu'on a trouvé une tumeur, alors j'ai dû faire une mammographie et une biopsie aussi. (Sur la requête de ma gynécologue: contrôle à quatre mois d'une tumorectomie mammaire droite. La lecture de la paperasse que nous sommes obligés de fournir, on n'a pas trop le temps non plus, visiblement) Air gêné de l'infirmière: -L'important c'est que ce soit fini et que ce soit derrière vous. Elle fait ce qu'elle peut, c'est plutôt sympa, alors moi, je prends ma tête impassible et: -...

Je passe dans la salle de la machine infernale. Je vous passe les manipulations et les différents écrasements qui constituent la mammographie: soit vous connaissez, soit les métaphores ont déjà été faites par d'autres. L'infirmière est tout de même douce, délicate et s'excuse d'avoir les mains froides. Comme quoi, il ne faut pas grand chose pour que le patient se sente considéré comme un être humain. Pendant donc que je me tiens à une barre, contorsionnée, la face écrasée sur une partie de la machine et le sein gauche pris en étau entre deux plaques serrées au maximum, une porte intérieure s'ouvre à la volée. Je n'ai pas vu qui c'était, mais je reconnaîtrai les chaussures de la gynécologue qui va m'examiner quelques minutes après. L'infirmière étonnée se précipite. Bref échange, elle referme vite, s'excuse. Elle qui n'y peut rien. Moi: -...

La première épreuve, la pire, est finie (crois-je). Je repasse à la cabine numérotée et j'attends pour l'échographie. L'infirmière revient me chercher et m'installe, avec un bout de papier sur les seins au cas où j'aurais froid. Oui, ça caille et non, ce n'est pas très efficace. D'habitude je garde mon gilet. -Le docteur arrive, elle est juste là. (derrière un paravant, devant son ordinateur) Moi, dans ma tête: "Et un petit bonjour, pas le temps?" J'attends. J'attends. J'ai froid. Enfin, une voix se lève: -C'est à droite ou à gauche que vous avez été opérée? (Pour le "Bonjour Madame", on repassera) -A droite. Dans ma tête: (C'est pas marqué dans le dossier?) Silence. -C'était quand? -(léger soupir) Fin septembre. Silence. -Mais, ce n'est pas à droite plutôt qu'on vous a opérée? -Ben si. C'est à droite. Je retiens un "comme je vous l'ai dit il y a une minute et comme ça devrait être marqué partout". -Ah! Voilà! Maintenant je comprends mieux ce que je vois.

Me voilà rassurée. Ou pas. De toute façon: - ...

Elle arrive, toujours pas de bonjour ni de présentations, elle me dit comment me mettre, enlève le bout de papier dérisoire et me le coince... entre les jambes. Me demande de lever les bras et me recouvre du gel pour échographie. Avant de commencer: -Ah, mais je vais quand même regarder votre dernière échographie! Mais qu'a-t-elle fait pendant ces longues minutes??? Elle repart, cette fois je n'ai même plus de simulacre de couverture et, aspergée de gel, les bras derrière la tête, je ne peux pas bouger. J'attends, j'ai froid et je ne suis pas du tout confortable. Je le temps d'observer que la porte qui mène à la machine infernale est surmontée d'une lumière rouge qui s'allume lorsque quelqu'un passe un examen... Pour que personne ne rentre pendant ce temps là. Hum, hum.

Elle finit par ressortir de derrière son paravent. Commence l'examen sans un mot. Puis: -Vous avez plein de kystes partout. -Ben, oui, je sais. C'est toujours comme ça, on me le dit à chaque fois.

Silence. Elle appuie vraiment fort, par moments acquièsce ou secoue la tête. Elle me fait mal, j'essaie de le lui montrer. -Mais vous avez vraiment beaucoup de kystes! Ça ne vous fait pas mal? -Ben, si, quand vous appuyez si fort dessus, ça me fait mal, en fait. Sinon, non. Elle confirme du menton, mais ne diminue pas la pression.

Silence. -Encore! Vous en avez vraiment partout! -Mais quoi, c'est pire que les autres fois? -Ben, je ne sais pas, l'ordinateur avait planté, alors je n'ai pas pu regarder. -... -De toute façon, on ne va rien savoir faire, si elles ne sont pas douloureuses on ne va pas les vider. -... Dans ma tête: "Ca valait la peine d'insister et d'en parler de cette manière alors. Puis, si vous continuer à appuyer aussi fort, vous pourrez bientôt m'enlever les deux seins tellement j'aurai mal".

-C'est bien d'un (charabia médical) qu'on vous a opéré? -Je ne sais pas (je suis excédée). -On ne vous l'a pas dit? -Je n'ai pas retenu le nom. C'était bénin et on l'a enlevé. -Mmmh. Il y a quelques calcifications que je ne vois pas bien, on va vous faire un (charabia médical), puis je vous dirai quoi faire.

Puis, stupeur, elle se lève, me donne un gros paquet de papier pour me sécher, ouvre d'un coup la porte qui donne sur le couloir qui dessert toutes les cabines et sort en appelant l'infirmière, en laissant la dite porte grande ouverte sur moi, allongée, à moitié nue. Je me lève d'un bond et je mets la porte "contre".

Retour à la machine infernale pour un cliché supplémentaire, avec l'infirmière. J'ai failli lui dire que contrairement aux gynécologues auxquelles j'ai eu affaire les deux fois précédentes (il y en a une qui m'avait tenu la main en m'annonçant que c'était une tumeur et que nous allions faire une biopsie tout de suite, en m'expliquant et me montrant tous les instruments et ce que ça allait faire et pourquoi), celle-ci n'est pas très sympa. Rien que ça, mais finalement, je ne me l'autorise pas: -...

Après, je retourne à la cabine, je demande si je peux me rhabiller, l'infirmière pense que oui.

La docteur revient, ouvre un petit peu la porte de la cabine: -Voilà, c'est bon, les calcifications (charabia médical), donc rien d'inquiétant. Au revoir! -Attendez! Je dois revenir quand alors? -Dans un an, comme prévu! -... Elle part.

Je sors vidée, fatiguée et en colère, comme souvent quand on se sent un tas de bidoche malmené.

Trois bonnes nouvelles: -J'ai donc décidé d'écrire tout ça et ça fait déjà beaucoup de bien. -Je n'ai rien d'inquiétant. -L'année prochaine, fini les "...".

Parce que que ça arrive, ça n'étonne plus personne. Justement, quelle tristesse! C'est "normal" et "pas si grave". Si tout le monde fait comme moi, ça ne risque pas de s'améliorer.

Alors... Promis juré, une fois pour toutes.

Mots-clés :

Posts similaires

Voir tout
RSS Feed
bottom of page