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Un peu de... tranches de vie - Anaïs et Sélène: Le bulletin


Texte du 24 Juin 2017.

Lundi nous irons chercher le bulletin de ma petite grande Anaïs. Elle termine sa troisième primaire. Je n'exclus pas la publication sur Facebook d'une petite photo pour l'occasion, avec ma petite Sélène qui aura passé le cap de la première maternelle. Mais avant le résultat brut, avant les chiffres et les codes, avant les encouragements de l'institutrice, avant le "ouf" d'Anaïs qui est quand même un peu "stressée", comme elle dit, je tiens à témoigner de ma fierté (je lui ai déjà dit tout cela et il restera une trace de ce que je vais écrire, pour qu'elle le relise plus tard, au cas où elle l'aurait oublié entretemps.)

Souvent Anaïs dit qu'elle aimerait ne pas être aussi "nulle en math". Malgré mes reformulations, malgré le diagnostic officiel d'une légère dyscalculie, malgré le travail conséquent de la logopède qui la soutient énormément, malgré ses résultats en progrès et satisfaisants, je me dis que si elle le sort comme ça, c'est comme ça qu'elle se sent parfois.

Alors l'autre jour, trêve de grands discours, je lui ai dit, simplement : "Tu sais Anaïs, au fond, ce que je retiens de toute cette bataille de tous les jours, c'est que je suis fière de toi, car tu t'es battue comme une lionne, tu n'as jamais abandonné et tu as fait preuve d'un grand courage. Tu es ma petite lionne!" Anaïs a alors pleuré, fort, de soulagement, de fatigue et de plein d'autres choses toutes mélangées dans sa tête, parce qu'elle n'a que 8 ans.

Anaïs, l'année passée, à peine sortie du bouleversement du diagnostic et du traitement d'une épilepsie d'absence, a été confrontée à la découverte de sa légère dyscalculie. Elle a accepté de laisser tomber le solfège et les tant attendues leçons de violon pour que cela soit faisable pour nous de l'amener deux fois par semaine chez une logopède. Puis, tous les jours, elle s'est battue, contre son "problème", contre elle-même, parfois contre moi aussi, mes attentes, mes exigences, mes incompréhensions. Elle a passé des heures à terminer une petite page qui prend 5 minutes "aux autres", elle n'a (presque) jamais pleuré de ne pas aller faire du patin en bas avec les petits voisins parce qu'elle n'avait pas encore fini ses devoirs. Jamais, au grand jamais, je n'ai senti chez elle la moindre tentative de baisser les bras, jamais: "Ben, puisque j'ai un souci, un diagnostic, je n'essaie même pas" qui pourrait être si tentant. Elle a mis du temps à intégrer que ce serait peut-être comme ça pour toujours. "Et si je veux être chimiste, maman, comment je vais faire? C'est des maths aussi la chimie et la pâtisserie aussi".

Anaïs, comme je te l'ai dit, tu vas faire, comme maintenant. Ca va être plus long, plus difficile, mais tu vas y arriver, à ton rythme et avec ton chemin à toi. Et dans la vie, en fait, c'est comme ça pour beaucoup de projets, peut-être pour tout le monde, diagnostics et maladies mises à part (mais ça, je ne lui ai pas encore dit, hein, quand même).

Rien de dramatique, rien d'insurmontable, juste un petit bout d'existence.

Et donc, je disais, je suis vraiment très fière d'elle.

Puis, de moi aussi. Je me suis battue à ses côtés. Au début contre la légère dyscalculie, puis souvent contre Anaïs, ses entêtements, ses oppositions, ses blocages, ses rebellions, ses fermetures. Et enfin contre moi-même, mes exigences, mes idéaux, mes attentes, mes incompréhensions de son incompréhension. J'ai appris en chemin avec elle, à propos d'elle et à propos de moi aussi. Nous avons construit ensemble, trouvé ensemble "comment on va faire avec ça", mais j'étais toujours un peu devant, pour explorer et pour tenter de la guider tant bien que mal, à ma place de maman.

C'est loin d'être parfait, il y a encore des ratés, des cris, des pleurs, puis des découvertes et des joies. Oui, oui, tous les jours, ou presque, autour d'une feuille de maths.

Bravo à nous deux, en fait! Et là, on se prend deux mois de pause, hein? Puis, en septembre, on pousse un grand rugissement et on s'y remet.

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