top of page

POST RÉCENTS : 

ME SUIVRE : 

  • Facebook Clean Grey
  • Twitter - Grey Circle

Un peu de... tranches de vie: L'histoire du moche sapin de Noël


Pour cette année, j’avais imaginé que le moment de décoration du sapin de Noël se déroulerait de manière magique, pleine d’harmonie, comme dans un film américain de Noël.

Voici la scène rêvée:

Nous sommes lundi 11 décembre, le lendemain de la fête d’anniversaire d’Anaïs et Sélène. Elles rentrent de l’école. Il est encore tôt, nous avons beaucoup de temps devant nous. Je suis en pleine forme, de bonne humeur. Jules et moi avons été acheter les derniers cadeaux en journée. Anaïs n’a pas rendez-vous chez la logopède: elle a annulé et pour cette fois, ce temps gagné nous arrange bien. Anaïs n’a que quelques devoirs à faire, c’est plié en dix minutes et donc, après le goûter, nous pouvons enfin nous consacrer à l’essentiel de notre journée: nous allons « faire » le sapin de Noël. Une petite musique de fond nous plonge dans l’ambiance festive. Nous nous partageons calmement les tâches et je dirige les travaux, en disposant savamment les boules et autres mini-Père Noël, suivant leur couleur (deux ou trois maximum) et leur taille.

Aucune boule n’est cassée, il n’y a pas de paillettes partout, les filles attendent patiemment que je leur indique où mettre leur boule et sont ravies de l’effet de mes décisions.

Au bout de maximum une demi-heure, nous avons terminé.

Pour fêter cet accomplissement, nous mangeons le bon repas que Jules nous a préparé pendant ce temps là, devant la télé, en regardant la finale d’un jeu télévisé que nous suivons en famille. Nous sommes en pyjama, fatigués, mais heureux, et les filles se couchent de bonne heure.

Et maintenant la scène telle qu’elle s’est déroulée dans ma "vraie vie":

Nous sommes lundi 18 décembre, nous avons réussi à traîner une semaine pour remonter les caisses de décorations de la cave. Anaïs et Sélène rentrent de bonne heure, mais trempées de pluie et frigorifiées. Je suis encore en pyjama parce que je sors d’une sinusite carabinée qui a fichu en l’air mon week-end. Je suis de mauvaise humeur et irritable car la maladie m’a obligée à renoncer à deux, trois trucs vraiment chouettes et que demain j’ai une grosse journée de boulot. Nous n’avons pas encore terminé les courses de Noël, loin s’en faut!

La logopède n’a pas annulé et Anaïs n’a aucune envie de faire ses devoirs. En plus, c’est des maths, matière qui la met en difficulté, surtout quand elle « se met de travers ». Je lui dis qu’elle peut attendre son retour de chez la logopède, mais qu’alors il faudra mettre les bouchées doubles.

Nous commençons à décorer le sapin, mais puisque je dois avancer dans la rédaction d’un texte que j’ai pas pu faire ce week-end (pour cause de tête dans le brouillard et abus d’anti-douleurs), je ne suis qu’à moitié ce qu’il se passe. J’ai beau répéter de mettre des boules partout et d’alterner les couleurs, les filles sont trop excitées, ne m’écoutent pas et font n’importe quoi.

Pendant que j’essaie de rédiger deux ou trois paragraphes plus ou moins sensés, Anaïs et Sélène décident de mettre aussi sur le sapin tous leur bricolages de Noël depuis la crèche, la boule de Clochette qui devrait clignoter mais dont nous n’avons jamais changé la pile, les boules des Trolls (rose fluo), les boules en papier de Peppa Pig, Pat Patrouille et Tralalire, la boule avec la photo de Sélène où elle tire la tête parce qu’elle n’aimait pas se faire prendre en photo.

Tant pis, c’est trop tard, si je leur demande de les enlever, elles vont être trop vexées.

Aucune boule n’est cassée, mais il y a des paillettes partout. Je commence à les ramasser, sachant que mes gestes compulsifs ne servent à rien et que malgré cette constatation, je les répèterai cinq fois par jour jusqu’à ce que le sapin retourne à la cave.

Je ne sais même pas s’il y a une musique de fond et de toute façon il faut pas que Jules augmente le volume, parce que j’essaie de travailler en même temps et que les hurlements des filles couvrent même mes rares pensées cohérentes.

Au bout d’une heure, Anaïs part avec son papa chez la logopède et nous demande de l’attendre pour mettre les guirlandes et faire la crèche.

Sélène et moi avançons, et à chaque fois que j’ai le dos tourné pour placer une boule, elle déplace tout ce que j’avais déjà rangé. Elle veut tout faire toute seule parce que « maintenant qu’elle a 4 ans, elle sait le faire », mais en fait, non, et donc je dois me lever tout le temps de mon bureau pour l’aider.

Anaïs revient une heure après et là je lui rappelle qu’avant de terminer le sapin, elle doit faire sa page de math. Je vois tout de suite qu’elle a sa tête de « je suis fatiguée et ça ne va pas bien se passer ». Moi j’ai la mienne de « Je suis encore plus fatiguée que toi et mon niveau de patience doit être en dessous de zéro ».

Et là, le processus catastrophe se met en route: elle râle, je lui parle mal, elle n’écoute pas, je crie, j’essaie de l’aider, elle boude, je m’énerve, elle pleure… Bref, après une demi-heure de hurlements, larmes et dépassements de bornes, nous y sommes: elle est punie dans sa chambre jusque demain. Une énorme crise comme elle n’en avait plus fait depuis longtemps.

Anaïs tape des pieds, Sélène pleure, je vais fumer une cigarette pour calmer le jeu dix minutes, Jules intervient tout en essayant de préparer à manger.

Nous finissons à trois devant la télé, mais le coeur n’y est pas, j’ai l’estomac serré et la soirée est gâchée. Nous sommes en pyjama, fatigués mais pas particulièrement heureux.

Puis, Sélène me regarde pleine d’espoir:

-Maman, on peut quand même finir le sapin?

Il est tard… Mais bon… Ok.

Après avoir mis les guirlandes et avoir sortis les personnages de la crèche du papier bulle, j’allume les loupiotes… Nous observons le résultat en silence. Et là, juste quand je me dis que c’est vraiment un moche sapin, et qu’en plus il est de travers, Sélène me décoche un sourire fier et émerveillé:

-Il est trop beau notre sapin, maman.

Le lendemain, je crains qu’Anaïs ne pleure ou ne refasse des histoires parce que nous avons terminé sans elle. Au réveil elle descend l’escalier, voit le sapin, son visage s’éclaire et elle dit:

-Il est trop beau notre sapin!!!

Alors, oui, notre moche sapin est vraiment trop beau.

Je nous souhaite à tous un Noël imparfait, mais vraiment trop beau.

Posts similaires

Voir tout
RSS Feed
bottom of page