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Un peu de... livres: "Ariane" (Myriam Leroy). A dévorer, mais en savourant!


Le premier élément important à signaler à propos de ce roman est que si vous le commencez, il vous sera très difficile de le lâcher avant de l’avoir terminé.

Il m’a fallu deux jours et demi, ce qui est un exploit avec mes horaires habituels.

Je l’ai acheté jeudi, jour de sa sortie. Je l’attendais impatiemment. De passage dans une grande librairie bruxelloise pour des achats de Noël tardifs, je l’ai cherché.

Ne le trouvant pas d’emblée, j’ai demandé à un travailleur. Le livre était arrivé, mais il n’avait pas encore été encodé et rangé. Ils ont dû bien voir à ma tête que je souhaitais ardemment sortir du magasin avec ledit livre sous le bras en plus des autres paquets, car très rapidement il a été trouvé, encodé, rangé en rayon, pour que je puisse le payer. Après quelques minutes d’attente à la caisse, le temps qu'arrive « la responsable capable de faire la bonne manip’ pour qu’un livre à peine encodé soit pris en compte », je l’avais.

Normalement, j’étais en train de terminer un autre très bon roman et j’en avais encore un dans ma pile. Puisque je suis très rigoureuse dans l’organisation de mes lectures, ce n’était pas pour tout de suite.

J’ai tenu quatre heures: à 16h dudit jeudi, l’air de rien, je le feuilletais en fumant une cigarette sous la hotte de ma cuisine (ben oui, il pleuvait des louches jeudi). Allez, je lis juste la première page, c’est pas grave… Trois pages après, c’était une certitude: j’allais le lire en contrevenant à tout mon petit règlement intérieur. Cela peut paraître un détail, mais je vous assure (ceux qui me connaissent bien le savent) que c’est plus que rare, c’est un événement de portée mondiale.

Vous me direz que d’après ces premiers éléments, j’aurais dû le terminer dans la foulée… Il y a vingt ans, quand une nuit trop courte n’avait pas trop d’impact sur le quotidien, c’est ce qui ce serait passé. Deux enfants plus tard et une vie plutôt active en cours, je l’ai fini dimanche matin à mon réveil. Et samedi était le soir où j’ai fêté Noël de mon côté de la famille. Je l’ai tout de même lu entre deux étapes de la préparation de mon tiramisù, en donnant la douche aux filles, à chaque pause cigarette sur la terrasse et… à 4h du matin, en revenant du réveillon décalé. Il me restait une dizaine de pages au moment où je me suis endormie. Sept heures d’un sommeil agité plus tard, douche revigorante anti-lendemain difficile, les filles devant un film, j’ai attrapé un café bien corsé, une cigarette, « Ariane » et je suis sortie sur ma terrasse pour en déguster la fin.

Parce que si d’un côté j’avais envie de le dévorer, de la même manière qu’Ariane dévore la narratrice, d’un autre il est si joliment écrit que je n’avais pas envie de rater une ligne, une phrase, un mot, bref, d’aller trop vite.

En soi, ces deux tendances contradictoires créent une tension interne délicieuse, pendant la lecture et lorsqu’on est obligé de s’interrompre… Sentiment bien connu de ceux qui aiment lire: ils attendent de se retrouver dans les pages d’un livre comme dans les bras d’un nouvel amoureux après une journée de boulot.

Ce n’est pas une lecture confortable pour autant. L’histoire est brutale, les mots peuvent y être crus, de la même manière que l’adolescence peut être brutale et crue.

Dans « Ariane », palpite le côté sombre de cet âge. Tout y est passionné et passionnel, tout est excessif, les vécus, les propos et les actes des personnages sont empreints de la violence des pulsions (encore une fois, typique de la période).

Mais les mots que Myriam Leroy emploie pour nous le dire sont comme un écrin de justesse, son écriture cisèle de manière implacable, aucun mot utilisé n’est pris au hasard. Il y a une forme de soin du lecteur dans sa façon de raconter, qui permet de plonger dans la noirceur du récit sans craindre d’y rester englué.

Le livre s’appelle Ariane, mais il parle moins d’Ariane que de la manière dont la rencontre avec Ariane a bouleversé la vie de la narratrice, lorsqu'elle était adolescente.

C’est donc un livre en « je ». La femme qui (se) raconte nous parle d’abord de sa ville, Nivelles, de sa famille et de sa vie en terme peu élogieux, c’est peu dire. Tout a l’air gris et pathétique, sans espoir. A la loupe de ce regard où tout ce que nous possédons, tout ce qui nous entoure est absolument « nul », où tout ce que nous souhaitons est « changer », changer de ville, de famille, d’horizon. Sans le savoir nous attendons quelque chose ou quelqu’un qui vienne « nous sortir de là », au sens propre ou figuré.

Dans la vie de l’héroïne ce quelqu’un est Ariane, camarade de classe de sa nouvelle école. Ariane est tout ce que la narratrice n’est pas: somptueuse, populaire, riche, magnétique…

Et voilà qu’Ariane, va savoir pourquoi, s’intéresse à elle. Les deux jeunes filles vont tisser un lien dangereux et destructeur, jusqu’à ce que…

L’histoire est extrême. Cependant, j’y retrouve ce que j’aime beaucoup dans les romans: un côté un peu « universel ». La plupart d’entre nous n’ont sans doute pas vécu une adolescence ou une relation telle que celle-là, et pourtant… J’ai été un peu comme ce « je » qui raconte et j’ai frôlé et eu affaire à quelques Ariane… Ai-je été un peu Ariane aussi?

Certains passages font échos à des épisodes vécus, plus ou moins, de près ou de loin. Il y a une idée angoissante qui accompagnait ma lecture, une petite mélodie entêtante, dont le refrain pourrait être « Tu connais ça, avoue ».

"Ariane" est un peu plus "noir" que moi, aujourd'hui. Mais...

J’aime beaucoup ça, quand un livre parle de quelque chose qui semble très éloigné de prime abord, presque étranger, et que finalement il me parle de moi - aussi.

Avant de me perdre dans mes explications fumeuses; autre caractéristique hautement jouissive pour ceux qui -comme moi- ont été ados dans les années ’90: les références foisonnent du côté séries télés, chansons, magazines. Probablement pas celles dont nous sommes le plus fiers, mais qui ont indubitablement fait partie de notre quotidien, d’une manière ou d’une autre…

Le récit est parsemé de beaux passages sur l'écriture et la narration, sur la vie "après" l'adolescence, sur les avantages et les inconvénients d'une mort précoce...

Bon, voilà, moi Myriam Leroy, je suis fan déjà depuis quelques années, depuis que j’écoute régulièrement La Première à la radio. J’attends toujours impatiemment ses chroniques et ses critiques de films, séries, livres, pièces de théâtre… Je n’exagère pas si je dis que c’est une de mes icônes culturelles actuelles. 9 fois sur 10, quand je suis un de ses avis pour orienter mes choix, j’y retrouve amplement mon compte. Alors voilà, je suis scandaleusement subjective dans cette critique. Je l’assume totalement, puisque je suis convaincue que la critique objective n’existe pas…

Alors, pour ceux qui l’ont déjà entendue, sachez que je trouve également qu’elle a une voix sublime et une façon de raconter passionnante. Si vous êtes du même avis, lire Ariane a un avantage supplémentaire pour vous: c’est comme si vous l’écoutiez pendant des heures.

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© 2017 par Chicca Cocca

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