Un peu de... séries: "Girls" (Lena Dunham), une série pas que pour les filles

Il y a donc cette fantastique série, "Girls". Je suis en train d'essayer d'en savourer la toute dernière saison (la sixième), mais ce n'est pas facile car il n'y a qu'une dizaine d'épisodes d'une petite demi-heure. Comme des délicieux zakouskis, je n'arrive pas à cesser d'en reprendre. "Girls" est tout sauf une série "que" pour les filles. Ca parle de quatre filles et il y a du sexe, mais c'est aux antipodes de "Sex and the City" (que j'ai beaucoup aimé pour d'autres raisons). Il y a donc du sexe, brut (parfois brutal), un peu trop réaliste que pour être beau esthétiquement; il y a des petits détails de la vie de tous les jours qui ne se voient pas d'habitude dans les séries: des filles qui vont aux toilettes (si, si!), des gens qui se baladent presque nus chez eux, des gens qui s'essuient avec un scottex après une relation sexuelle tout en continuant à parler de ce qu'ils vont faire après. Vulgaire? Pas du tout. A moins que nos vies soient vulgaires. Puis il y a elles: -Jessa, belle comme un soleil, accro à toute sorte de choses, dont l'instabilité, principalement; -Shoshanna, dont on ne sait pas très bien si c'est la plus folle ou la plus sage, qui parle très très vite pour noyer son angoisse de vivre; -Marnie, magnifique et froide, qui a l'air toute proprette et voudrait tellement être tout ce qu'elle n'est pas, qui est peut-être bien la plus "explosée dans sa tête" du groupe. -Enfin, elle, Hannah, LA "girl", écrivain, drôle, narcissique, insupportable et attachante. Il y a les personnages masculins qui sont loin d'être secondaires. Premier entre tous celui d'Adam, incroyable. Passionné, fou, moche comme un pou mais tellement magnétique qu'il en devient beau. (Je vous assure, Adam Driver dans "Star Wars" était un gâchis innommable étant donné l'étendue de son talent dans "Girls") Il y a aussi Elijah, Ray, Desi, Charlie... Tout ce monde ne s'entend ni ne s'aime nécessairement tout le temps, mais leurs vies ne cessent de s'emmêler les unes aux autres et les liens restent tant bien que mal. Les acteurs sont sublimes. Chaque épisode est un bijou qui peut être vu à part, un mini-film, bourré d'humour et de tristesse, cynique et plein de vie à la fois. Et tout cela, c'est Lena Dunham (Hannah), une jeune femme qui à l'époque de la première saison n'avait même pas trente ans, qui a écrit, produit, tourné et joué (dans) "Girls". Elle s'y est mise en jeu et à nu (au sens propre comme au figuré) avec un courage et une conviction admirables et elle s'en est pris plein la poire aussi. Parce qu'elle s'y montre à poil, souvent, alors qu'elle n'est pas mannequin. Parce qu'elle y expose des filles fragiles et "à la masse", furieusement libres, mais enfermées dans leurs névroses et fantasmes, qui font franchement n'importe quoi, mais qui tentent comme elles peuvent de s'en sortir. Elles grandissent un peu de travers, comme nous tous. Pour tout cela, si ce n'est pas déjà fait, si ce n'est pas encore sur votre liste, allez-y faire un tour, du côté de "Girls".