top of page

POST RÉCENTS : 

ME SUIVRE : 

  • Facebook Clean Grey
  • Twitter - Grey Circle

Un peu de... tranches de vie: Trois ans plus tard...


(Texte écrit il y a trois ans, suite aux attentats de Paris. Et quelques mois avant ceux de Bruxelles)

En allant me coucher hier, tout à coup j'ai pleuré.

J'ai réalisé que malgré le fait que j'étais profondément touchée depuis samedi matin, malgré les larmes qui me sont montées aux yeux plusieurs fois en lisant quelques témoignages de survivants, ou de personnes qui ont perdu leurs proches, je n'avais pas encore vraiment pleuré.

Il y avait eu d'abord l'inquiétude brute de penser que ma meilleure amie était à Paris vendredi soir, le soulagement de l'avoir tout de suite par sms; l'idée que j'ai failli y être aussi, que ça fait tout bizarre de se dire ça; puis il y a eu le fait de s'informer discrètement sur le net et de gérer un minimum mes débordements émotionnels parce qu'on est samedi et que je suis seule avec les filles; les questions de mon Anaïs de presque 7 ans ("Pourquoi tu es triste maman? Qu'est-ce qui s'est passé?"); il y a eu les conversations téléphoniques avec quelques proches, parce que ça fait du bien, quand même, d'entendre ces voix là dans toute cette horreur.

Le samedi soir j'étais tellement malade que je me suis couchée à 21h avec les filles et j'ai lutté une bonne partie de la nuit contre la nausée débordante à coups d'antivomitifs. Le dimanche est passé très vite aussi: les infos, quelques échanges sur Facebook, soigner Sélène, 2 ans, qui est malade aussi, apprendre l'accident de voiture d'une personne proche (surtout dégâts matériels et frayeur), un goûter avec nos voisins préférés (parce que ce ne sont pas que des voisins, mais des amis) et parler, parler de "Paris", mais pas que, pas que... tout le reste continue de se passer aussi, les petits et gros bobos, les rires, les blagues, la fatigue, la semaine qui va recommencer.

Pourquoi tout à coup j'ai pleuré à 1h du matin? Peut-être parce que ma petite Sélène, qui depuis qu'elle est malade, finit toutes ses nuits dans notre lit, s'est retournée à ce moment là et a mis son petit pied tout chaud sur ma figure; peut-être parce que juste avant de monter je me suis rappelée que ma grande Anaïs avait solfège aujourd'hui et que j'ai rajouté sa farde dans son cartable comme souvent le dimanche soir; peut-être parce que tout semblait si normal dans le silence de la maison.

Je ne sais pas, mais j'ai pleuré. J'ai pleuré en silence pendant de longues minutes, d'abord égoïstement, comme un enfant, parce que c'est pas juste quand même que je vive dans un monde comme ça, merde! Puis de peur, bêtement, parce que comment je vais faire moi pour envoyer mes petites à l'école et à la crèche tous les jours si j'imagine qu'un être rempli de haine se fera exploser dans les transports ou même dans leur établissement? De rage, parce que je ne veux pas avoir peur, je ne veux pas me cacher et je ne veux pas transmettre à nos petites que la vie est dangereuse et effrayante. De honte, parce que je suis en sécurité et de quoi je me plains par rapport à ceux dont la vie a été écorchée ces derniers jours (Paris et oui, bien sûr, Beyrouth et ce matin, Turquie)? De chagrin, pour eux tous.

Puis j'ai juste pleuré, comme ça, jusque à ce que ça s'arrête.

Mots-clés :

RSS Feed
bottom of page