Un peu de... tranches de vie: Une danse en Bulgarie

Depuis 2009, ma deuxième semaine du mois de juillet est consacrée à un séminaire à thème organisé par l'école où j'ai effectué ma dernière formation.

Juillet 2017, Tryavna, Bulgarie. Il est toujours difficile de traduire en mots tout ce qu'il se passe pendant une de ces semaines. De décrire les milliers d'événements, sensations, émotions qui traversent nos journées. Il en est de même cette année. Une scène restera gravée à jamais dans mon esprit et peut-être est-elle assez forte pour donner une idée de ce que j'y ai vécu. Nous sommes le dernier soir avant notre retour en Belgique. Nous sommes tous remplis de notre semaine intense, à 39 participants. Nous nous trouvons sur la terrasse de "notre" hôtel, un coin de paradis niché dans les terres bulgares, hôtel que nous occupons entièrement, dans une harmonie et une confiance parfaite avec les trois gérants de ce lieu magique. Trois musiciens sont arrivés pour nous faire connaître les musiques traditionnelles bulgares, sur la fin de notre dernier repas, et ils sont en train de jouer depuis quelques minutes. La terrasse est couverte, mais tout autour de nous la pluie tombe par seaux, dans un vacarme que seule la musique parvient à couvrir. Tina, l'une d'entre nous, est bulgare. Elle a organisé ce voyage magnifique et a réalisé son rêve de nous amener tous dans son pays et de nous le faire aimer profondément. Elle est au comble de sa joie. Sa famille nous a rejoint ce soir pour nous dire au revoir. Tina danse, déjà, avec sa nièce, avec l'une ou l'autre d'entre nous, avec les deux gérantes de l'hôtel. Nous sommes tous autour des musiciennes et des danseuses, nous crions, applaudissons, dans une ambiance incroyable. Certains d'entre nous sont assis, d'autres à genoux sur leurs bancs pour mieux voir, d'autres encore debout. Nous rions, aussi, indifférents à la pluie qui nous atteint un peu tout de même le long des bords de la terrasse. Puis, la maman de Tina se lève et vient danser avec sa fille. Elles sont magnifiques. Tina bouge ses pieds nus de plus en plus vite au rythme des instruments aux noms inconnus, sa maman agite ses mains en tenant une serviette de table, elles se regardent dans les yeux, elles rient ensemble, nous rions avec elles et tapons dans nos mains en cadence. Elles sont heureuses, et nous aussi. Sans surprise, je suis émue, deux larmes finissent par couler le long de mes joues. Je ne suis pas la seule, j'en suis certaine, mais je n'ose pas me retourner pour vérifier, de peur de rater une miette de ce spectacle. Adèle, une autre femme extraordinaire, vient s'asseoir près de moi pour se rapprocher de la scène et me glisse à l'oreille: -C'est un rêve, non? C'est un rêve que nous vivons, là. Oui, c'est exactement ça, c'est les bons mots. C'est magique et c'est un rêve. Danser avec sa maman, de cette façon, dans son pays, c'est un peu le rêve de Tina, un peu le mien aussi, un peu celui d'autres participants, sans doute. Il se réalise pour nous tous ce soir là. Alors, c'est bon d'être là, ensemble, et de faire partie de ce moment, parce que nous avons tous retenu de cette semaine sur le thème de la liberté, que c'est lorsque nous avons réalisé nos rêves que nous sommes sûrs d'être libres.