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Un peu de... tranches de vie: Aventures nocturnes.


J'ai eu l'immense chance, en mars de cette année, d'être invitée à faire partie du jury d'un festival du documentaire dans le domaine de la santé.

Donc, le premier soir du festival, après un très bon resto, la cérémonie d'ouverture, la projection du film "Le sourire de ma mère" (beau, enfin, j'en reparlerai sans doute) et une soirée cocktail, nous décidons, avec un petit groupe de jurés, de rentrer à l'hôtel.

Pour une raison qui m'échappe totalement après coup, nous décidons de rentrer tous dans la voiture de Sandra, l'une de nous, et surtout, de ne pas attendre la responsable de l'équipe qui nous prend en charge et qui est censée nous guider sans encombres jusqu'au parking en face de l'hôtel. Si vous avez déjà roulé à Liège, que vous avez déjà été confrontés à la détresse qui s'empare de vous lorsque vous constatez que vous êtes à nouveau du mauvais côté de la Meuse par rapport à votre but, vous aurez une idée de notre périple. On va dire: heureusement qu'à cette heure là nous avons croisé très peu de voitures. Une demi-heure après, donc, pour un trajet de dix minutes en temps normal, quand on connait le chemin, ou quand on a eu la sagesse d'attendre la responsable, nous voilà dans le parking.

Ouf! Sauf que nous n'arrivons pas à en sortir. Trois étages, plein de sorties, toutes fermées, grillagées, cadenassées. Nous avons appuyé sur tous les boutons, inséré les codes dans tous les claviers et, en désespoir de cause, fait sonner un certain nombre d'alarmes. Pour ajouter du piment à l'histoire, la minuterie de la lumière est courte, très courte, ce qui nous plonge régulièrement dans le noir, en plein milieu d'un escalier ou d'un étage où le sol était parsemé de trous, de saillies, de plans inclinés. Bon, nous sommes cinq, nous sommes de bonne humeur, un peu d'alcool aidant, plus l'excitation de la nouvelle aventure du festival, nous rions beaucoup. Au bout de quarante minutes, nous commençons à être passablement fatigués de parcourir les trois étages et un peu de panique montre sa lueur derrière nos sourires et nos éclats de rires. Il y a peu de réseau, le numéro de l'hôtel nous connecte à un fax. Nous laissons un message sur le répondeur de "notre" Lisa, coordinatrice du festival, les sonneries doivent se perdre dans les bruits du cocktail encore en cours.

Enfin, nous nous trouvons au bon moment au bon endroit: une voiture rentre dans le parking, nous fonçons tant bien que mal vers l'ouverture et sortons essoufflés et soulagés. Nous sommes bien entendu du côté opposé à l'hôtel, encore un peu de marche, moi avec ma valise à roulette sur les pavés du piétonnier. Je fais un boucan d'enfer, j'ai aussi la mallette de mon ordinateur portable et mon sac à main. Nous trouvons l'hôtel. Il n'y a personne à l'accueil. Une pancarte nous annonce qu'à partir de minuit ce sont les cartes magnétiques qui nous permettront de rentrer et de rejoindre nos chambres. La première ne fonctionne pas, la deuxième non plus, la troisième, oui. Je n'ai pas l'occasion de tester la mienne.

Nous blaguons encore dans l'ascenseur, nous nous félicitons de l'issue positive de notre retour censé durer un quart d'heure qui nous a pris près d'une heure et demie et gagnons nos chambres respectives. Wow! Je savoure. Encore remplie d'adrénaline, je m'installe, défais mes bagages, prépare tout le nécessaire pour la première projection du lendemain, envoie un petit message à Jules... Bon, il est 1h30. Dire que nous avions voulu rentrer pas trop tard pour être raisonnables (ce sera la seule fois. De toute façon, vous le voyez bien, ça n'a servi à rien)...

Merde. J'ai envie d'une cigarette. Je pourrais y renoncer et me coucher, il est tard, mais j'ai cette sensation typique et erronée des accros à la nicotine que la clope va m'aider à me détendre, me calmer, me permettre de bien dormir après tout ça. J'ai une fenêtre qui donne sur un mur, pas de petit balcon, il va falloir redescendre. Ok. Je redescends. Au moment de franchir le seuil de l'hôtel, l'idée saugrenue me traverse: je ne sais pas si ma carte fonctionne... Mais si, mais si, elle a ouvert ma chambre, il n'y a pas de raison. Calme-toi, le compte des aventures tragi-comiques est bon pour aujourd'hui!

Je fume ma cigarette. Je me sens bien. Les gens sont super, la soirée a été excellente. Je prends une photo (très floue) de la vue nocturne sur la place liégeoise, je publie sur Instagram, sur FB. Allez, j'éteins, il est temps de faire dodo. Je passe la carte: rouge. Deuxième fois: rouge. Mon coeur s'accélère. Respire. Troisième fois, ça va marcher... Rouge. Ok. Elle ne fonctionne pas. Je suis seule dehors, il fait près de 0°... Combien d'heures avant l'arrivée des employés? Je regarde le comptoir à travers la vitre: il y a bien un panneau avec un numéro à appeler... Ecrit en caractères taille "8", en tout cas sans mes lunettes, ce pourrait être en "14" que je ne pourrais rien lire. Bon, je retente. Rouge.

Bien. Il n'y a pas un chat sur la grande place, je ne sais pas si ça me rassure ou si ça me terrifie. Je n'ai que mon téléphone avec moi, même pas une deuxième cigarette... Mon téléphone. Avec le numéro de Lisa. La honte. Tant pis. Messagerie: "Lisa, c'est Chicca... Heu... Je suis bloquée à l'extérieur de l'hôtel. Ma carte ne fonctionne pas... Tu peux me rappeler?" Elle me rappelle pendant que je fais les cent pas devant le seuil. "C'est pas vrai... Tu es la quatrième à qui ça arrive aujourd'hui! Je viens de rentrer, Chicca, je suis en pyjama et je m'apprêtais à me coucher..." Logique, il est près de 2h du matin.

Nous passons en revue les options (pas des masses, en réalité). Puis, Lisa, cette adorable et maligne jeune femme, a une idée. "Deux jurés sont rentrés il n'y a pas longtemps, ils étaient les derniers. Je vais les appeler et voir si un des deux décroche et peut venir t'ouvrir". Une minute, deux, trois. Elle rappelle. "J'en ai eu un. Jonathan va venir t'ouvrir". Pendant les longues minutes qui suivent, nécessaires probablement à Jonathan pour enlever son pyjama et se rhabiller, LA grande question se fait jour: et si maintenant ma carte n'ouvre plus ma chambre? Jonathan arrive souriant et un peu moqueur. Nous remontons en en riant et je mesure mon soulagement. Je sens que la même question le traverse aussi. Il attend que je vérifie... Parce que bon, hein?

Tuuuut. Clic. Bzzz. Vert. Ma chambre s'ouvre.

Tout est bien qui finit bien. Bien envie d'une cigarette pour fêter ça.

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