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Un peu de... 68 premières fois: "Juste un peu de temps" (Caroline Boudet)


Je dois avouer que parmi tous les titres de la sélection des 68 premières fois, ce n’était pas celui-ci qui me tentait le plus. Pour tout dire, je craignais de ne pas l’aimer.

Pour un thème aussi important, la charge mentale, il me semblait nécessaire que l’auteur le traite de manière suffisamment « profonde ».

Je l’ai lu très rapidement, parce que, dès l’intrigue placée, on a envie de savoir comment « notre » héroïne Sophie va « s’en sortir ». Et avant cette hypothétique « sortie », par quel chemin elle va devoir passer?

Sophie est donc une femme comme tant d’autres. Entre trente et quarante ans, mariée, trois enfants, un boulot pas très inspirant, mais pas désagréable non plus. Au moment où l’histoire débute, elle n’en peut plus. Elle étouffe sous le poids des ses « to do list », des taches à effectuer, des horaires, de la course, de ce mouvement effréné où « prendre soin de soi » devient une obligation de plus, à laquelle on renonce facilement tant on est fatigué dès qu’on a un peu de temps libre. Sa vie est bien réglée, tout « roule », la plupart de ses proches l’admirent et l’envient. Mais à quel prix?

Elle en est au stade où en parler avec son mari, autrement qu’en lui hurlant dessus de temps en temps, devient « mission impossible » tant le phénomène est énorme, tant il touche à tous les domaines de l’existence.

Alors un jour, comme ça, sans vraiment y penser ni le décider, elle prend son sac, quitte son lieu de travail avant une réunion et s’en va à la gare pour s’offrir quelques heures de répit, près de la mer bretonne. Elle et un bouquin, dans une chambre d’hôtel anonyme. Le temps de déposer un mot à son mari « Je reviens. Juste un peu de temps. Merci » et la voilà disparue du quotidien, smartphone éteint, libre, pour une parenthèse.

Les chapitres donnent en alternance la parole à Sophie et à quelques uns de ses proches, dont son mari et son fils aîné.

Les points de vue des autres complètent la représentation que nous nous faisons de la jeune femme, tout en racontant d’autres vécus, d’autres choix que le sien.

Le roman se lit vite, l’écriture est agréable, immédiate, simple dans ce qu’elle livre. Je peux imaginer que beaucoup de lectrices s’identifient à Sophie, dans l’une ou l’autre anecdote du couple, du travail, de la maternité. L’humour est très présent, on sourit, on rit, tout en s’y reconnaissant, avec une pointe d’amertume.

Les références, notamment musicales, aux années de la première jeunesse de l’héroïne sont nombreuses et font partie du charme du livre, pour ceux qui les comprennent! Elles risquent de laisser sur le côté les plus jeunes ou plus âgées que Sophie (moins de 30 ans, plus de 45).

Le ton, est, malgré les contenus parfois difficiles, très léger.

C’est ce dernier aspect qui m’a laissée plutôt perplexe. Ce parti pris a des avantages et des inconvénients. Le livre est accessible, on s’identifie au moins un peu, on ne le lâche pas. En même temps, lorsqu’on connaît un peu l’ampleur des drames personnels, familiaux et sociaux qui se jouent autour du terme « charge mentale », la complexité d’un thème qui nécessite aussi un discours articulé, nuancé, dialectique pour être abordé, l’oeuvre passe, à mon sens un peu « à côté » de l’enjeu, qui est de taille.

Si je dois en garder un aspect positif: "Juste un peu de temps" fait parler d’un sujet essentiel, il donne naissance à des dialogues et des conversations avec soi-même ou avec d’autres, et, enfin, beaucoup de femmes vont sans doute, en le découvrant, se sentir un peu moins seules.

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