Un peu de... Chroniques en temps de covid (1)
- chiccacoccaunpeude
- 4 avr. 2021
- 4 min de lecture

19 Décembre 2020
Oh là là, j'ai tellement envie d'écrire-écrire-écrire et la vie va tellement vite que je n'arrive pas à la rattraper avec mes mots. Cette semaine a été si forte, derrière des apparences de banalité, que j'en ai la tête qui tourne.
D'abord, un week-end plutôt calme et reposant, "Portrait de la jeune fille en feu", quelques très bons "Sherlock", finir un livre de Toussaint, commencer "Fille" de Camille Laurens.
Puis ma semaine a démarré, rythme habituel, a priori bien remplie mais pas trop.
J'ai appris, ce jour là, comme beaucoup l'ont déjà lu, le décès de ma grand-mère. Et, que dire, je savais depuis presque deux semaines qu'elle allait partir, j'avais déjà beaucoup pleuré, mais je me suis aussi souvenue de tous les moments de tendresse, doux, chauds. Les contacts avec la famille, là-bas, celle d'ici, les échanges et les présences de loin.
J'ai aussi eu une réponse négative d'une maison d'édition, mais à côté de la déception, toujours cette sensation que ces pages existent, que quelqu'un les lit, que les retours m'ont toujours nourrie plus que ces lettres un peu aseptisés, alors, qu'importe?
Avec ce deuil déjà en route j'ai pu tout de même passer une soirée de beauté(s). Nuit moins facile, cauchemars.
Mardi j'étais très fatiguée, un peu déprimée, mais j'ai "bien" travaillé. C'est quoi, "bien" travailler dans mon cas? Et bien, je ne sais pas vraiment, cette sensation d'avoir une place définie en même temps qu'un large champ de créativité. De sentir le contour et le sens des choses, des relations, en profondeur. D'affronter l'horreur de certaines réalités en arrachant un sourire parce qu'on offre un sachet de chocolats qui "tombe bien" et un sourire, un café.
Puis une stagiaire spéciale qui part et qui non seulement nous fait un retour magnifique sur notre sens, avec des mots où il y a "respect", "bienveillance", "humour" -toujours!, un retour où "merci" et "j'ai appris" sont prononcés par la stagiaire, mais par nous aussi, parce que la rencontre valait le détour. Transmission, encore plus que formation. D'habitude les stagiaires apportent un petit gâteau, des pralines ou plus rarement, un plat pour célébrer la fin de stage. Elle, elle sait dessiner, alors elle nous a fait une carte personnalisée, à chacun de nous dix, dessinée par elle: sur la mienne il est noté "Merci de m'avoir fait sentir partie de l'équipe" et oui, j'ai les larmes aux yeux, on s'en doute. Il manque juste de pouvoir se serrer dans les bras, se faire un bise pour se dire au revoir, parce que ce n'est que le début d'une autre aventure. Mais voilà, c'est comme ça.
Course à l'école, je suis en retard, je stresse, je me trompe d'arrêt, j'arrive en sueur et de loin je vois mes filles, tranquillement assises en train de papoter devant l'entrée.
-Mais, Sélène, on t'a laissée sortir avant que j'arrive?
-Ben oui, Anaïs est venue me chercher! Maman on a reçu les gaufres de Noël, je suis trop contente!
-Oui, maman, puisque tu n'étais pas encore arrivée, j'ai gagné du temps...
Je suis à nouveau émue, moi qui craignais que ma grande se perde en route, elle a eu un coup d'avance, elle m'a aidée.
Le soir encore une conversation étonnante avec ma petite, avant qu'elle s'endorme, où elle m'explique de manière très animée qu'un amoureux, on le choisit avec le coeur et avec le corps (on va se calmer!)), que le sien elle l'aime parce qu'il est rigolo, même s'il lui fiche la honte parce qu'il l'appelle "chérie" dans la cour de récré.
Mercredi j'ai congé, je dors tard, oui, oui, jusque 10h30. Je fais l'ours dans sa tanière. Je traîne en lisant et en regardant une série qui fait du bien ("Anne with an E"), je me prépare, j'ai quand même quelques séances au soir.
Encore cette sensation d'être remplie en rentrant chez moi, malgré le noir et le froid.
Le lendemain, jeudi, autre grosse journée au programme: cette fois c'est pour moi que je stresse, petit truc médical pas agréable, mais je reçois beaucoup d'attentions délicates et je ne me sens pas seule. Je termine tard le soir par un Skype presque jusque 22h, je ferme le clapet de l'ordinateur et une fois de plus la pensée que j'aime ce que je fais, même si mes yeux se ferment tous seuls.
Vendredi n'était pas censé mal se passer, juste encore quelques heures à tenir avant le week-end et la semaine de congé partiel. Mais au boulot, on ne sait jamais prévoir totalement comme cela va tourner, alors oui, situation d'urgence, en fin de journée, un vendredi, à gérer à deux et heureusement que nous sommes vraiment une équipe.
Vendredi soir en délicatesse et émotions autour d'un bon vin, moment inattendu qui tombe comme par magie juste quand il faut.
Aujourd'hui repos et soirée frites-télé en famille.
Il y a eu aussi des conversations, des messages, une page internet à découvrir, des regards sur soi à intégrer, une carte de voeux barge à approuver, des anniversaires à souhaiter, des mauvaises nouvelles à recevoir, des bonnes à donner, de la sagesse à garder pour la-prochaine-fois-que-ce-sera-un peu-dur.
Et quoi, tous ces Joyeux Noël et Bonne Fêtes prononcés: un coup on y croit, un autre pas. Finalement tout est tellement intense, brillant à en faire mal aux yeux, rapide à en donner le tournis, qu'il est possible, pourquoi pas, que ces fêtes soient malgré tout des moments de vraie vie, pas comme on en avait rêvé, pas comme d'habitude, mais qu'ils recèlent quelques surprises. Comme cette semaine.
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